Misère de la communication. Depuis les derniers jours d’août, le bruit médiatique a recouvert de manière particulièrement assourdissante les événements majeurs qui pèseront longtemps sur le cours de notre histoire.

Le nouveau gouvernement, formé le 25 août à la suite des dérapages verbaux d’Arnaud Montebourg ? Après des dizaines d’heures de bavardages radiotélévisés, on constate simplement que MM. Hollande et Valls se sont débarrassés d’un gêneur qui parasitait la ligne officielle et agaçait fort Berlin.  Gagner en tranquillité et donner un gage supplémentaire à l’Allemagne, le coup double était à la hauteur des ambitions du gouvernement. Autre calcul : maintenir Christiane Taubira et promouvoir Najat Vallaud-Belkacem afin de certifier l’orientation à gauche du gouvernement tout en offrant aux racistes leurs cibles préférées. A chaque insulte venant de Minute, de Valeurs actuelles et de diverses officines, Manuel Valls volera au secours des proies complaisamment offertes et brandira l’étendard de la gauche outragée. Pour le reste, qui est l’essentiel, la messe ultralibérale est dite sous les applaudissements du patronat. J’allais oublier Emmanuel Macron qui scandalise tant de militants socialistes : comme Jean-Pierre Jouyet, c’est un fondé de pouvoir du capitalisme financier, qui appliquera la ligne fixée à Berlin où ce bon élève a su se faire bien voir.

Les journées socialistes de La Rochelle ? Petites manœuvres, petite fronde, petits sifflets et un discours médiocre du Premier ministre devant des élus et des apparatchiks qui dépendent pour leur carrière de la survie du Parti « socialiste ». L’important, les 30 et 31 août, c’était le sommet européen de Bruxelles qui aurait mérité des commentaires et des débats pointus. Il y avait de quoi dire ! Ce sommet a souligné l’échec de la tactique de François Hollande : se soumettre au plus fort pour qu’il accorde des concessions. Hélas ! Le fort en position de force a trop souvent coutume d’exiger toujours plus d’abaissement parce qu’il ne voit pas de limites à sa force. De fait, c’est le candidat de l’Allemagne, Jean-Claude Juncker, qui préside la Commission européenne. C’est le candidat de l’Allemagne, Donald Tusk, qui a été élu président du Conseil européen. C’est le candidat soutenu par l’Allemagne, Luis De Guindos, qui présidera l’Eurogroupe en 2015. Ce sont des Allemands qui président le Parlement européen, le Mécanisme européen de stabilité, la Banque européenne d’investissement, la Banque européenne de reconstruction et de développement.  Alors que François Hollande annonçait qu’il voulait plus de croissance en Europe, il a laissé Berlin corriger le communiqué final dans le sens qui convenait à la Chancelière et reporter sans date précise le sommet de la zone euro demandé par le président français.

L’affaire Trierweiler ? C’est un piège qui se fermera chaque fois qu’on voudra attribuer le statut fictif de « première dame » à une quelconque maîtresse. Cela ne valait pas le déluge de bavardages qui a rejeté dans l’ombre le sommet que l’Otan tenait à Newport les 4 et 5 septembre. François Hollande y fut, comme à son habitude, lamentable. La veille, il avait annoncé la suspension de la livraison du premier porte-hélicoptère Mistral au mépris du contrat signé avec la Russie et après avoir annoncé en juillet qu’il serait livré comme prévu. Celui qui porte le titre de président de la République a cédé aux injonctions américaines pour ne pas avoir à subir, sur place, les pressions de certains Etats. On s’asservit pour être tranquille dans les réunions… Le sacrifice de nos intérêts nationaux à court et à long terme est évident et l’alignement sur l’Otan, bras armé de la politique américaine, est total. Ceci en faisant mine d’oublier que Washington porte, en Afghanistan, en Irak, en Ukraine, la responsabilité de désastres patents.

C’est ainsi que le bruit médiatique ne cesse de couvrir les débats essentiels. Ce qui est évacué de l’avant-scène ne disparaît pas pour autant. Les reniements du hollandisme mettent en fureur d’innombrables citoyens qui n’attendent rien du pacte de responsabilité, qui comprennent que l’euro engendre la déflation et qui ont définitivement cessé de croire qu’un sursaut pourrait venir de l’UMP ou du Parti « socialiste ». Les candidats qui pensent pouvoir récupérer cette fureur feraient bien de se méfier. Même et surtout Marine Le Pen, si sûre d’elle-même en cette rentrée.

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Editorial du numéro 1061 de « Royaliste » – 2014

 

 

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2 Commentaires

  1. OLIVIER COMTE

    Pourquoi un vieux républicain, poussé dans l’ action politique par le putsch d’ avril 1961, quand un humble lycéen n’avait pas le droit à la parole, trouve-t-il son réconfort sur un site royaliste?
    Si il est juste de louer l’action de Bertrand Renouvin, celui-ci n’ est toujours qu’une force morale. Il nous manque toujours une force politique qui ne peut s’ exprimer que par un parti politique, non par des groupuscules, des scissionistes ou des blogs.

    Les crimes économiques et politiques de nos maîtres politiques sont multiples. Leur crime moral est de mépriser les ressources humaines qu’offrent la Nation.
    Un chef déclare qu’il s’est mis au service des humbles, l’ autre chef déclare qu’il est prêt à sacrifier sa vie privée à un devoir de service national. Tout cela est méprisable.

    Le Front National n’ est pas un parti nouveau. les dignitaires de la droite ou de la pseudo gauche n’ offrent que le rejet de leurs adversaires ou de leurs camarades du jeu politique.
    On veut opposer les jeunes aux vieux qui auraient dévoré un héritage futur, un patronat créateur d’ emplois aux salariés jaloux de leurs privilèges, les catholiques aux partisans de la laïcité.

    Cette politique de division,contraire à notre génie national, doit prendre fin!

  2. Jacques Payen

    « …le bruit médiatique ne cesse de couvrir les débats essentiels. » (B. Renouvin.)

    Bruit médiatique organisant l’ ignorance des débats essentiels : n’est-ce pas le but recherché, ou, au moins, encouragé ?

    « …même sous la constitution la plus libre, un peuple ignorant est esclave. » (Condorcet . Cinq mémoires sur l’instruction publique 1791).