Le « Non » du peuple grec – Chronique 102

Juil 5, 2015 | Union européenne | 3 commentaires

La victoire du « Non » est d’abord politique. C’est la victoire de la souveraineté populaire qui décide d’affirmer que la nation grecque est souveraine face à l’eurocratie. Berlin, Francfort et Bruxelles  voulaient une capitulation sans conditions puis ont tenté de renverser le gouvernement grec, d’étrangler financièrement la Grèce et cherché jusqu’au dernier moment à intimider son peuple par l’insulte, la menace, le chantage au chaos.

Cette victoire politique est exemplaire. Un « petit pays » peut refuser un système de contraintes dès lors que ses dirigeants ont la volonté de ne pas plier, consultent le peuple et sont décidés à respecter son choix. Dix ans après le référendum de 2005, c’est une revanche pour les partisans du « Non » au prétendu « traité constitutionnel », trahis successivement par Nicolas Sarkozy et François Hollande. Mais c’est une revanche partielle, qui incite à durcir l’opposition à l’oligarchie nationale, aux autocrates de Bruxelles et à leurs commis médiatiques qui se sont surpassés dans la semaine qui a précédé le référendum du 5 juillet : propos méprisants et diffamatoires, mensonges éhontés et toujours la même arrogance au vu des résultats.

Cette victoire facilite la redéfinition de l’Europe. C’est la nation grecque qui s’est affirmée aux élections législatives de janvier et par le référendum de juillet. Elle s’est affirmée face à un gouvernement allemand qui mène un jeu national, dans une Union européenne et dans une zone euro considérées du seul point de vue des intérêts allemands. Le caractère utopique de l’Europe supranationale est une évidence que l’eurocratie tente de nier dans une violence croissante – mais finalement inopérante.

Un « petit pays », immense par son apport à la civilisation européenne, nous montre qu’il est possible de rentrer dans l’histoire et d’y jouer un rôle majeur. En Italie, en Espagne, au Portugal, en France… il n’y a pas de fatalité à l’alignement.

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Le 5 juillet 2015

 

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3 Commentaires

  1. MATHIEU Jean-Marie

    Cher Monsieur,
    Félicitations.
    A propos de la Grèce « petit pays », répété jusqu’à plus soif avec parfois des minorations de la population, le plus petit pays de l’European Union est de ce point de vue le Luxembourg (moins de sept cents mille habitants vs 11 millions pour la Grèce), le Luxembourg, pays de Junker, mais…
    Jean-Marie MATHIEU

  2. MATHIEU Jean-Marie

    Bravo. Un petit pays de 11 millions d’habitants. Le Luxembourg de Juncker est un grand pays de moins de 700 000 habitants! signé Jean-Marie MATHIEU

  3. Yaka Fokon

    Une suggestion pour le titre du prochain édito de BR : « Alexis Tsipras, social-traitre et révolutionnaire en carton, enterre les illusions de toutes les gauches radicales européennes ».

    En réalité, le modèle de Tsipras c’est Anouar El Sadate :
    Etape 1 , je fais la guerre et je résiste à Israel. Mon peuple peut alors bomber le torse.

    Etape 2, après avoir bien bombé, fait le fier et dansé le sirtaki toute la nuit, le peuple se retrouve devant Camp David avec la paix et la coopération avec Israel.

    Il apprend vite le Tsipras. Il faut dire que les nouvelles propositions grecques ont été écrites par l’équipe à Hollande. Il a de quoi tenir.

    Comme Jean-Claude le fait dire aux Grecs : « On est jamais mieux enc…que par soi-même (et non par la commission) ».

    Et maintenant Jean-Claude, next !!!!! : M. Podemos est demandé à Bruxelles s’il vous plait……