Notre-Dame des Landes : Quand Macron renie Macron

Jan 21, 2018 | Economie politique | 2 commentaires

 

La décision d’abandonner le projet d’aéroport nantais est sans doute une bonne nouvelle du point de vue écologique – mais pas pour la démocratie : l’Etat de droit a été piétiné, le référendum local tenu pour nul et nul avenu.

Cela fait six mois qu’on nous le répète : quand le président de la République prend une décision, cette décision est fidèle à ses engagements de campagne. Et c’est pour ça que les Français lui font confiance ! La preuve, c’est qu’il remonte dans les sondages. Mais pour Notre-Dame des Landes, ça ne marche pas : Emmanuel Macron prend une décision contraire à ses engagements de campagne et une majorité de sondés lui donne raison. Bien sûr, on ne saura jamais si les sondés approuvent le simple fait d’avoir pris une décision ou le sens de la décision. Il reste que le président a renié le candidat.

Le 7 avril 2017, Macron-candidat disait : « Ce que j’ai rappelé, c’est qu’il y a eu une consultation publique de type référendaire, qu’elle s’est exprimée et qu’elle a dit oui au projet. Donc je ne peux pas être aujourd’hui dans une situation où je déchire, j’arrive et je dis avec moi il n’y aura pas de Notre-Dame des Landes. Parce que, à la fin des fins, cela envoie deux messages qui sont très négatifs. Le premier : on ne respecte pas les consultations publiques quand elles ne nous arrangent pas. Cela ne va pas ! Le deuxième, c’est qu’on ne peut plus avoir quelques projets que ce soit dans le pays : parce que vouloir le bloquer suffit à tout empêcher de manière durable.

Le candidat-Macron faisait des observations pertinentes. En renonçant à la construction du nouvel aéroport, Macron-président a piétiné le résultat d’une consultation populaire favorable au projet. Il a aussi piétiné un demi-siècle d’études, de déclarations d’utilité publique, de décisions administratives et de jugements qui ont établi la légalité des opérations entreprises. Il a enfin capitulé devant un petit groupe de militants « zadistes » qui ont organisé une zone de non-droit et violemment défié les autorités. Ce qui les encourage à recommencer.

Le souci écologique est ancien. Il y a longtemps que les gouvernements pouvaient décider de le faire prévaloir. Aujourd’hui, l’écologie est le manteau qui recouvre une capitulation dictée par la crainte de troubles sanglants et par la menace de la démission de Nicolas Hulot. Mais l’affaire n’est pas terminée : nous serons attentifs aux négociations entre l’Etat et Vinci et à la manière dont seront négociées les privatisations de plusieurs aéroports.

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Article publié dans le numéro 1137 de « Royaliste » – 2018

 

 

 

 

 

 

 

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2 Commentaires

  1. Denis Griesmar

    La notion de référendum local est à manier avec précaution, car elle porte en germe la fin de l’unité nationale. Cela dit, si l’on peut justifier son caractère INDICATIF, reste à définir le périmètre des populations directement concernées. Or c’est là que le bât blesse, puisque les Vendéens n’ont pas été consultés, comme l’a bien dit Philippe de Villiers. Je ne puis donc souscrire à l’analyse proposée. Par ailleurs, l’abandon de N-D des Landes est une bonne chose, non seulement sur le plan écologique, mais aussi du point de vue économique. le projet ayant été porté par des élus locaux restés mentalement fixés dans les années 1950 … et peut-être pas insensibles aux arguments des marchands de béton … Enfin, l’actuel aéroport de Nantes est parfaitement suffisant pour les besoins de la région du Grand Ouest. Signalons de plus que, pour désengorger Paris, il y a Vatry, dans la Marne.

  2. Maurris Karl

    Arrivé sur votre blog suite à l’achat, aujourd’hui même de votre livre Vichy, Londres et la France, dont je n’ai lu encore que les quinze premières pages – qui répondent à une attente forte de ma part- je suis plutôt déçu de votre compréhension de la légalité concernant la ZAD.
    Le pouvoir de fait en ce lieu où était-il ?
    Pour vous, c’est bien simple, la chienlit formait un maquis noir prenant en otage les honnêtes citoyens.
    Les actes illégaux des administrations, l’hypocrisie des bien pensant ne voulant pas voir la politique de fait accompli des bétonneurs tablant sur le caractère non suspensif des recours auprès des tribunaux, ces violences en col gris ne vous affectent pas ? Ne pourrait-on pas appeler ça une gouvernance de fait ?