La peur affole le supposé président et ses lieutenants qui disent et font n’importe quoi pour préserver leur électorat de la nouvelle tentation lepéniste. Ils ne veulent pas comprendre que la souffrance sociale provoquée par l’ultralibéralisme pousse à une contestation radicale attisée par les récents scandales (de Woerth à Tapie) qui frappent le gouvernement des riches. La chasse aux Roms, les sondages manipulés, les pitoyables défis lancés à Bruxelles, les gesticulations de Nicolas Sarkozy lors du sommet européen du 16 septembre doivent être condamnés.

La réprobation ne suffit pas. Dans tous les domaines, de la loi sur les retraites à la démagogie xénophobe, c’est toujours Nicolas Sarkozy qui reste le maître du jeu : il attire tous les projecteurs, choisit les thèmes de combat, donne aux polémiques leur rythme et leur éclat.

Sa frénésie lui permet de se battre simultanément sur deux fronts : il mène sa bataille partisane par une succession de coups tactiques destinés à attiser la xénophobie et à pousser les Français à l’affrontement ethnique ; il mène la guerre sociale comme fondé de pouvoirs de l’oligarchie, dans la hantise des marchés financiers et dans la crainte que les riches ne décident de l’écarter. Les possédants n’ont pas tort d’estimer qu’un Strauss-Kahn ou à défaut une Martine Aubry, seraient des gestionnaires plus compétents, plus habiles et plus discrets.

Nous reviendrons prochainement sur les ambiguïtés des socialistes et sur le jeu des deux principaux syndicats mais, quels que soient les calculs des uns et des autres, le fait est qu’ils restent tous sur la défensive.

Il faut bien sûr manifester sans relâche contre la xénophobie et contre les mesures sociales du gouvernement et militer au sein des syndicats pour la grève générale afin d’infliger une véritable défaite au clan sarkozyste. Il faut surtout présenter, en toutes occasions, des plans pour une offensive qui doit se dérouler sur le terrain de l’intérêt national. Objectifs ? La protection des économies européennes et, avant tout, de l’économie nationale. Le plein emploi grâce à une nouvelle politique de développement fondé sur un redéploiement industriel. La nationalisation des secteurs-clés et le renforcement des services publics afin de garantir le redressement de notre pays. La définition d’une nouvelle politique monétaire et financière.

Une opposition qui déciderait de prendre ses responsabilités politiques obtiendrait une forte adhésion populaire, désorienterait le supposé président et marginaliserait les lepénistes si elle reprenait les propositions suivantes :

Au lieu de défier Bruxelles sur la question des Roms, exiger la réunion d’un Conseil européen extraordinaire avec comme ordre du jour :

-le risque d’une nouvelle crise de la zone euro, en raison de la hausse des taux des obligations d’Etat qui frappe actuellement la Grèce, l’Irlande et le Portugal.

-la mise au point d’un plan de sauvetage permettant le passage de la monnaie unique à une monnaie commune – les monnaies nationales étant rétablies dans la zone.

-le retour à la sécurité financière par le contrôle de la circulation des capitaux, prélude à une réorganisation générale les relations monétaires et financières internationales.

-La mise au point d’un système commercial protecteur vis-à-vis des puissances agressives, principalement la Chine.

-L’ouverture d’une discussion sur la domination exercée par l’économie allemande et sur ses effets négatifs pour l’économie européenne.

Bien entendu, ces propositions seraient rejetées par les organes européens. Il faudrait donc que l’opposition détaille les mesures de sauvegarde qu’un gouvernement de salut public aurait à prendre : suspension des directives européennes déstabilisantes, reprise du contrôle de la Banque de France pour la mettre au service de la politique financière de la nation, fixation d’un taux de change favorable à l’économie nationale, nationalisation des banques, soutien public aux secteurs industriels menacés…

Nous ne sommes pas seuls à présenter de telles propositions (1). Elles feront leur chemin.

***

(1) Nos propositions sont proches de celles exposées par Jacques Sapir dans son « Projet pour une rupture décisive » publié sur mon blog www.bertrand-renouvin.test et sur le site Marianne2.

Editorial du numéro 975 de « Royaliste » – 2010

Partagez

0 commentaires