Campagne 2017 : A propos des « affaires »

Fév 14, 2017 | Partis politiques, intelligentsia, médias

 

Nos plus anciens lecteurs ont certainement remarqué que nos commentaires sur les scandales qui éclaboussent la droite et la gauche depuis plusieurs décennies sont peu abondants et très modérés. Nous ne songeons pas à masquer l’ampleur de la corruption dans notre pays. Mais les affaires, quand elles éclatent, s’inscrivent le plus souvent dans des règlements de compte à l’intérieur du milieu dirigeant avec la complicité de certains journaux qui reçoivent beaucoup d’informations sans mener d’épuisantes enquêtes. Sur le moment, on ne sait jamais qui tire sur qui et pourquoi mais les révélations ultérieures prouvent que les assassins et les victimes sont souvent du même camp.

Nous sommes donc très réservés sur l’affaire Fillon. Le candidat que nous combattons pour ses projets ultralibéraux a droit à la présomption d’innocence et les émoluments perçus par sa famille ont moins d’importance que les responsabilités politiques écrasantes de l’homme qui accepta d’être pendant cinq ans le factotum de Nicolas Sarkozy.  Comme de nombreux citoyens, comme d’éminents avocats, nous sommes simplement très étonnés de l’empressement du Parquet financier à se saisir de l’affaire et nous sommes une fois de plus indignés de constater que, dans l’affaire Fillon comme dans tant d’autres, le secret de l’instruction a été délibérément violé sans que les grandes consciences médiatiques soient le moins du monde troublées.

Nous rappelons que l’article 11 du code de procédure pénale établit que « la procédure au cours de l’enquête et de l’instruction est secrète » et que l’article 226-13 dispose que « la révélation d’une information à caractère secret par une personne qui en est dépositaire soir par état ou par profession […] est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. »  Nous nous demandons pourquoi le Conseil supérieur de la magistrature n’exerce pas les pouvoirs disciplinaires explicitement prévus à l’article 65 de la Constitution.

La campagne présidentielle qui commence est marquée par plusieurs affaires de financement douteux. Nous n’avons pas l’intention d’y jeter le moindre grain de sel mais nous souhaitons une réduction drastique des dépenses de campagne et un contrôle draconien des dépenses des candidats et des élus. Nous sommes résolument opposés à Marine Le Pen, à François Fillon, à Emmanuel Macron, à Benoît Hamon mais nous avons la naïveté de penser que les dirigeants politiques et les candidats aux élections présidentielle et législatives sont à juger selon les idées qu’ils expriment, selon les projets et les programmes qu’ils présentent. Nous ne sommes ni des auxiliaires de justice, ni des justiciers. Dans les batailles de prétoires, nous sommes des spectateurs attentifs. C’est pour la bataille politique que nous sommes mobilisés.

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Article publié dans le numéro 1116 de « Royaliste » – 14 février 2017

 

 

 

 

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