Les gaullistes de gauche ont toujours représenté un courant minoritaire, divisé en tendances et maltraité par les médias. Jean Charbonnel rappelle les raisons de leur combat, qui n’est pas terminé.
Jean Charbonnel avait treize ans et deux mois lorsque, sur une route de l’exode, il entendit une radio évoquer l’appel du général de Gaulle. Entré immédiatement en résistance, il rejoignit la Résistance et participa aux combats pour la libération de Paris. Toute sa vie politique fut ensuite orientée par sa fidélité aux principes gaulliens qu’il tenta de faire prévaloir tantôt dans la droite du gaullisme, plus souvent dans les organisations du gaullisme de gauche. C’est leur histoire qui est racontée avec lucidité et précision au cours d’un dialogue avec Laurent de Boissieu.
L’aventure des gaullistes de gauche se confond avec l’histoire de la 5ème République. Cette vaillante cohorte se retrouvait autour de Louis Vallon et René Capitant, de Léo Hamon, de Philippe Dechartre, de l’hebdomadaire Notre République que dirigeait Frédéric Grendel… Ils étaient unis par une même fidélité au Général, par une même volonté de défendre sa politique et de faire aboutir la participation – mais ils n’étaient pas unifiés et leurs querelles expliquent en partie que le mouvement n’ait pas pu prendre de l’ampleur. On les suit à l’Union pour la Nouvelle République, le rassemblement initial créé en 1958, à l’éphémère Union Démocratique du Travail puis dans les groupes que dirigent Jean Charbonnel, Léo Hamon, Robert Dabezies et qui sont confrontés aux grandes masses conservatrices et réactionnaires qui suivent le parti chiraquien et le patronat.
Il était logique que des relations s’esquissent avec François Mitterrand qui, rapporte Jean Charbonnel, souhaitait dès 1974 « ouvrir le dialogue avec les gaullistes » en précisant qu’il voulait maintenir les institutions de la 5ème République – à l’exception de l’article 16 qu’il renonça à retirer lorsqu’il devint président.Il y eut, après 1981, plusieurs tentatives pour constituer une composante gaulliste dans la majorité présidentielle – et même une composante gaullo-royaliste – avec Robert Dabezies, puis Michel Jobert et enfin avec « France Unie ». Les socialistes, toujours restés antigaullistes dans leur majorité, ne manifestèrent aucun enthousiasme – c’est le moins qu’on puisse dire – et tout échoua.
Reste, dans toute son exemplarité, la dynamique du projet gaullien, que Jean Charbonnel expose avec une conviction inentamée et qui ne cesse de soutenir l’espérance des gaullistes authentiques.
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(1 )Jean Charbonnel, Pour l’honneur du gaullisme, Contre-enquête sur un héritage. Entretiens avec Laurent de Boissieu. Editions Riveneuve, 2011. 20 €
Article publié dans le numéro 1005 de « Royaliste » – 2012
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