A vot’ bon cœur ?

Sep 10, 2023 | Res Publica

 

 

Lorsque Coluche a lancé les Restaurants du cœur, les ministres socialistes déversèrent des flots de bonnes paroles. Le larmoiement généralisé empêchait de voir que le surcroît de pauvreté était la conséquence directe, visible et insupportable du “tournant de la rigueur” décidé deux ans plus tôt.

Depuis 1985, l’aide alimentaire a augmenté au rythme des “réformes” néolibérales : en 1985-1986, 8,5 millions de repas distribués par 5 000 bénévoles ; en 2021-2022, 142 millions de repas distribués par 70 000 bénévoles.

Au fil des quarante dernières années, les Restaurants du cœur, le Secours populaire, le Secours catholique, les banques alimentaires et bien d’autres associations caritatives ont constitué une véritable administration bénévole de la misère qui assure la survie de millions de personnes. Oubliant que le bien être général est l’une des dimensions du bien commun, l’Etat a trouvé dans ce bénévolat un prétexte pour économiser des deniers qu’il va gaspiller dans d’autres secteurs. Cet arrangement cynique vient d’atteindre sa limite. Sous l’effet de l’inflation, qui augmente les dépenses de fonctionnement et les demandes d’aide alimentaire, les Restaurants du cœur risque de fermer et les autres associations, elles aussi victimes de la réduction des aides publiques, sont confrontées à la cruelle nécessité du rationnement.

Pour se défausser toujours plus, le gouvernement fait appel aux grandes entreprises, sans se soucier du caractère arbitraire et aléatoire de la philanthropie. Il compose avec l’intolérable comme on joue avec le feu.

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Article publié dans le numéro 1261 de « Royaliste » – 10 septembre 2023

 

 

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