Nicolas Sarkozy nous dit dans ses vœux d’avoir confiance en l’avenir, après nous avoir assurés que nous pouvions compter sur lui. Maints experts nous adjurent d’avoir confiance et de consommer tandis que les responsables politiques cachent la gravité de la crise pour que les épargnants retrouvent confiance et placent leur argent sur les marchés financiers.

N’en jetez plus !

Nous sommes saturés de messages, accablés d’injonctions, écrasés d’obligations morales. Devoir de confiance ! Devoir d’allégeance ! Et devoir d’effort ! « Pour nous en sortir, chacun devra faire un effort », dit encore Nicolas Sarkozy…

La morale officielle est une suite d’obligations assortie de menaces de sanctions : au gré des faits divers à fort retentissement médiatique, on met une infirmière en garde à vue comme si elle était la responsable avérée d’une erreur dans l’administration d’un médicament ; on jette des jeunes en prison pour cause de comportement hors norme ; on menace les incendiaires de voitures d’une interdiction de passer le permis de conduire.

Tel est le paquet qui nous a été lancé en guise de cadeau pendant la période des fêtes. Il contient des messages de divers ordres qui ont tous un point commun : leur violence. Violence faite aux mots, aux citoyens, à diverses catégories de suspects qui ne bénéficient pas de la présomption d’innocence. Nous suivrons jusqu’au bout l’affaire des présumés « terroristes » de Tarnac, celle de l’infirmière accusée d’homicide, celle des banlieues où rôdent des incendiaires jeunes et maghrébins selon le portrait-robot suggéré par Nicolas Sarkozy. Mais il faut avant tout s’efforcer de clarifier le contenu des messages élyséens et gouvernementaux.

La confiance ? Tel qu’il est employé par les oligarques, le terme est impropre. On nous enjoint l’obéissance au chef omniprésent et hyperactif alors que la confiance est un libre accord donné par une personne à une autre au vu de preuves tangibles. Nicolas Sarkozy n’a pas à nous demander de nous engager, c’est à lui de donner des preuves de son engagement au service de la collectivité. Aujourd’hui, ces preuves nous manquent : les promesses électorales n’ont pas été tenues, les mesures annoncées sont sans effets sur la crise, le pouvoir politique a pris parti pour le Medef dans la lutte des classes. Nous ne pouvons pas avoir confiance en un homme qui ne remplit pas sa fonction d’arbitre, qui n’a aucun souci de la justice sociale et qui veut plaquer une idéologie racialiste sur une nation de citoyens fondée sur le principe d’égalité.

Nous ne pouvons pas non plus ranimer l’économie et la finance par un acte de confiance. Aujourd’hui, nous savons tous que la bourse fonctionne comme un casino et qu’on ne place pas ses économies dans un tel lieu ; nous savons tous que la consommation ne repose pas sur la confiance du consommateur mais sur le montant de son compte en banque. Ce qu’on appelle confiance renaîtra quand il y aura augmentation massive des salaires et des retraites.

Mais l’effort qu’on nous demande ?  Ne devons-nous pas être tous solidaires ? Sans aucun doute. Mais ce mouvement collectif suppose des élites exemplaires. Exemplarité dans le don des richesses que les hautes classes étalent sous nos yeux. Exemplarité des sacrifices de ceux qui vivent dans le luxe et qui peuvent se contenter du simple confort. A ceux qui parlent de « moraliser le capitalisme », nous ne demandons pas des gestes sur les « parachutes dorés » mais des preuves concrètes de solidarité – sinon il faudra un jour ou l’autre recourir à l’emprunt forcé et à la nationalisation-sanction.

Mais, pour l’heure, comment les oligarques osent-ils demander un effort supplémentaire à une population qui travaille souvent à la limite de sa résistance physique et nerveuse ?  Comment Nicolas Sarkozy ose-t-il annoncer qu’il va falloir « travailler plus » sans même ajouter qu’on gagnera plus – ce mensonge ?

Nous n’avons pas à payer par une fatigue supplémentaire et par un salaire encore réduit les choix imbéciles des dirigeants, les erreurs des experts, les escroqueries des financiers. Dans la rue, par la grève, nous devons mettre un terme à l’abus de confiance généralisé.

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Editorial du numéro 939 de « Royaliste » – 12 janvier 2009

 

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