Assurance-chômage : « Une tuerie »

Nov 4, 2019 | la lutte des classes

 

La réforme de l’assurance-chômage est entrée en vigueur le 1er novembre. Inspirée par un pré- jugé bourgeois datant du 19e siècle, c’est une machine à fabriquer de la pauvreté.

Pour s’inscrire comme demandeur d’emploi, il faut avoir travaillé pendant six mois sur une période de 24 mois – et non plus quatre mois sur une période de 28 mois. De plus le gouvernement a supprimé de facto le principe du rechargement des droits. Avant la réforme, un chômeur qui travaillait par intermittence au moins 150 heures pendant qu’il percevait son allocation-chômage allongeait d’autant (un mois minimum) la période pendant laquelle il était indemnisé – maintenant il lui faudra six mois de travail salarié pour ouvrir de nouveaux droits.

Selon l’UNEDIC, la nouvelle réforme va entraîner une baisse de droits pour la moitié des 2,6 millions de Français qui perçoivent des indemnités. « Une tuerie », s’est exclamé Laurent Berger, patron de la CFDT. De plus, les règles de calcul des indemnités vont être révisées le 1er avril 2020. Au lieu d’être définies à partir d’une moyenne des salaires touchés les jours travaillés pendant un an, les nouvelles règles d’indemnisation seront calculées à partir du revenu mensuel moyen, travaillé ou non, pendant une période de deux ans, ou de trois ans pour les personnes âgées de plus de 53 ans. Ce qui entraînera une forte baisse de revenu – jusqu’à 50% – pour tous ceux qui ont alterné les phases d’emploi et les phases de chômage.

Le gouvernement compte économiser un milliard d’euros sur le dos des chômeurs l’an prochain, puis 2,2 mil- liards en 2021 et 2,5 milliards en 2022. Tel est le véritable motif d’une réforme qui nous est présentée comme une aimable incitation à retrouver un emploi. Derrière les formules alambiquées, on perçoit le vieux préjugé bourgeois selon lequel les chômeurs sont des paresseux qui se la coulent douce en touchant des allocations trop généreuses. À quelques exceptions près, un travailleur qui perd son emploi vit très mal sa marginalisation et le patronat, qui tire un large profit de l’exploitation du travail sous-payé et des boulots précaires, sait très bien que la grande majorité des travailleurs est prête à accepter des conditions de travail et de rémunération misérables pour sortir du chômage. Jusqu’au jour où le sentiment de l’intolérable sera plus fort que la contrainte qu’on fait peser sur les salariés.

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Article publié dans le numéro 1176 de « Royaliste » – 4 novembre 2019

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