Attentats : Les postures et les faits

Avr 3, 2018 | Défense nationale

 

Après chaque attentat, il y a toujours une poignée de démagogues pour réclamer à grands cris l’internement des fichés « S » et l’expulsion des suspects étrangers. Serait-ce si simple ?

Après les attentats de Carcassonne et de Trèbes, le 23 mars, Marine Le Pen suivie par Laurent Wauquiez a cru bon de reprendre la sempiternelle proposition relative à l’internement des « fichés S » ou à leur expulsion s’ils sont étrangers.

Le gouvernement a répondu que de telles mesures seraient inconstitutionnelles, ce qui est vrai. L’extrême droite peut rétorquer qu’on doit mettre les principes juridiques entre parenthèses pour sauver des vies : tel est le message subliminal du Front national. Il faut donc s’interroger sur l’efficacité de l’internement administratif, qui a été utilisé en France pendant la guerre d’Algérie, contre les nationalistes algériens puis contre des partisans de l’Algérie française.

Dans notre pays, comme à l’étranger, ce type d’internement n’a pas produit les effets désirés. En France, il n’a pas empêché les militants clandestins du FLN et de l’OAS de commettre des attentats. En Irlande du Nord, l’opération Demetrius montée en 1971 pour empêcher les attentats a eu des effets contraires à ceux recherchés : l’internement de membres présumés de l’Armée républicaine irlandaise a renforcé la solidarité entre la population catholique et les activistes républicains et favorisé le recrutement de l’IRA. Surtout, les militants emprisonnés se sont formés et sont devenus des cadres militaires de grande valeur à leur sortie des camps d’internement. Les internements arbitraires opérés par les Etatsuniens en Irak et en Afghanistan n’ont pas produit de meilleurs résultats.

Bien entendu, il peut être utile de procéder à des expulsions d’étrangers, ce qui s’est produit vingt fois l’année dernière, mais il faut encore veiller à ce que ces mesures d’éloignement ne puissent être cassées par le juge administratif. N’oublions pas non plus que 84% des auteurs d’attentat ou de projets d’attentat ont la nationalité française… Il faut surtout souligner l’efficacité de la Police nationale : depuis 2013, seuls 11 attentats ont réussi sur les 78 projets répertoriés et tous les terroristes ont été arrêtés ou tués. Cela fait cependant beaucoup de morts et de blessés ! De fait, la lutte contre le djihadisme ne dépend pas seulement de l’efficacité de la police et des services de renseignement. Curieusement, les médias qui co-produisent les attentats comme nous l’avons souvent souligné, ne sont jamais mis en cause par les démagogues de l’antiterrorisme.

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Article publié dans le numéro 1142 de « Royaliste » – 3 avril 2018

 

 

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