Avec Bronislaw Geremek

Mai 14, 2007 | Chemins et distances

 

La droite réactionnaire au pouvoir en Pologne reproduit mimétiquement le comportement des communistes lorsqu’ils exerçaient leur dictature : épuration systématique des anciennes élites, éradication de tous ceux qui auraient pu s’en faire les complices, nettoyage purificatoire…

Chacun peut comprendre qu’il y ait eu, au début des années quatre-vingt dix, des arrestations, des condamnations, des évictions de la fonction publique polonaise concernant les hauts responsables – et non le menu peuple de ceux qui étaient plus ou moins contraints, pour vivre ou survivre, de renseigner la police et les services de contre-espionnage.

On comprend aussi que les dirigeants politiques de la Pologne libérée aient été obligés de déclarer par écrit qu’ils n’avaient pas collaboré avec les services secrets. Comme tant d’autres, Bronislaw Geremek a signé à plusieurs reprises une telle déclaration – la dernière fois en 2004 lorsqu’il s’est présenté aux élections européennes – pour satisfaire à la loi de 1997.

En mars 2007, il a été demandé à cet éminent homme d’Etat de signer une nouvelle fois cette déclaration, en vertu de la nouvelle loi de lustration – un refus le privant de son mandat de député européen. Dans une tribune publié par Le Monde le 27 avril, il dénonce « une exigence humiliante et sans fondement » pour lui-même, tout en soulignant qu’il entend manifester, par-delà ses sentiments personnels et sa situation particulière, sa volonté de défendre la liberté en Pologne pour tous les Polonais.

Beaucoup plus dure que la précédente, la loi de lustration vise plusieurs centaines de milliers de citoyens polonais (entre 400 000 et 700 000) exerçant dans 52 métiers et professions : non seulement les divers secteurs de la fonction publique mais aussi les médias et certaines entreprises.  Les personnes qui auraient masqué leur collaboration avec les services de police seront licenciées. Celles qui refuseront de signer une déclaration se verront frappées d’une interdiction professionnelle pendant dix ans.

Comme l’écrit Bronislaw Geremek, « la loi de lustration dans sa forme actuelle viole les règles morales et menace la liberté d’expression, l’indépendance des médias et l’autonomie des universités. Elle engendre une forme de « ministère de la vérité » et de « police de la mémoire ». Elle désarme le citoyen face aux campagnes de calomnies, en affaiblissant la protection légale de ses droits. » Pourtant, la Commission européenne a reconnu que la loi de lustration n’était pas contraire à sa directive sur la non-discrimination !

Nous sommes solidaires de Bronislaw Geremek et des défenseurs de la liberté en Pologne.

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Pour signer la pétition de soutien à B. Geremek :

http://tempsreel.nouvelobs.com/php/petition13/

 

Article publié dans le numéro 904 de « Royaliste » – 14 mai 2007

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