Contre le communautarisme

Mai 14, 2007 | Res Publica

 

Certain ministre de l’Intérieur, une partie de la grande presse et des membres influents du patronat ont exploité le thème communautariste. Ce sont des apprentis sorciers.

Cofondateur de l’Observatoire contre le communautarisme (1), Julien Landfried publie un ouvrage (2) dont le titre sonne comme un appel au combat politique.

Tel est le cas. Mais il nous donne plus qu’un pamphlet : une analyse solidement fondée sur des travaux scientifiques – ceux d’Emmanuel Todd tout particulièrement – qui a pour objet de comprendre la nature et la portée de la thématique communautariste ; une critique bien argumentée, même si elle se réfère parfois à des auteurs qui cèdent à la complotite – Pierre Hillard par exemple – et pour finir une belle réflexion sur l’universalisme républicain.

Julien Landfried a eu le courage de plonger dans le bouillon de sous culture communautariste dans lequel on trouve un ministre de l’Intérieur devenu candidat à la présidence de la République, des associations antiracistes, des groupes d’extrême gauche, des régionalistes de droite, des islamistes (glorifiés par certaines organisations trotskystes), des organisations identitaires tel le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) dont la représentativité est excessivement problématique, des amuseurs publics passés à la provocation pas drôle (Dieudonné) et maintenant ostracisés, des intellectuels qui racontent n’importe quoi après avoir regardé le journal télévisé, des journalistes et des journaux à la mode (tendance gauche morale, bourgeoisie bohème), de grands patrons et des officines financées par ces messieurs. Après inventaire, le projet (ou la pulsion) qui relie ces divers groupes et personnages est fort bien mis en évidence.

Il apparaît notamment que la promotion des « minorités visibles » se fait par l’effacement du peuple français, devenu invisible dans ses classes populaires, ses revendications sociales, ses choix politiques. Ce phénomène n’est pas le fruit du hasard ou d’une quelconque fatalité post-moderne. La mise en scène des identités sexuelles et ethniques, promues comme victimes sur le marché de la souffrance, permet d’en finir médiatiquement avec une représentation, dangereuse pour la classe dirigeante, des mille et une misères engendrées par le système économique.

Le communautarisme est une formidable imposture, qui fonctionne avec une efficacité telle que ses inventeurs risquent de déclencher une logique de guerre civile qu’ils ne pourront pas maîtriser. Tout discours ethniciste est potentiellement meurtrier.

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(1) communautarisme.net

(2) Julien Landfried, Contre le communautarisme, Armand Colin, 2007. L’auteur sera l’invité des Mercredis de la NAR le 13 juin.

 

Article publié dans le numéro 904 de « Royaliste » – 14 mai 2022

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