Les décisions du président des Etats-Unis viennent confirmer, avec une brutalité peu commune, que les Etats nationaux et impériaux font la politique de leurs intérêts en fonction de situations géopolitiques et géostratégiques changeantes.
L’erreur des élites ouest-européennes a été de croire que l’Alliance atlantique reposait sur une solidarité indéfectible. Il leur est aujourd’hui rappelé leur statut de clients et de supplétifs par une Amérique assurée de sa puissance militaire et technologique mais qui veut conforter sa protection économique et commerciale dans la perspective de sa confrontation avec la Chine.
Sur les ruines de leurs illusions atlantistes, les élites ouest-européennes constatent leur dépendance technologique et leur impuissance militaire tout en persévérant dans un néolibéralisme qui les prive des moyens industriels et commerciaux de réagir. Elles plaident avec plus ou moins de conviction pour un sursaut face à la menace russe mais elles continuent de se payer de mots sans voir les dangers. Un “pilier européen de l’Otan” est illusoire puisque l’organisation militaire intégrée reste sous le commandement américain, qui garde le contrôle des armes nucléaires alliées. Une “défense européenne” conduirait à doter la Commission européenne de compétences militaires qui ne sont pas dans ses attributions et à lui donner le pouvoir d’organiser les industries de défense et les commandes militaires par voie d’accords négociés avec les Etats-Unis. Face au risque d’un nouvel abandon de souveraineté dans un domaine crucial et d’une liquidation de l’industrie française de défense, nous devons refuser tout projet visant à relancer une Communauté européenne de défense.
La France doit agir dans un système d’alliances révisables selon sa situation spécifique dans le monde et ses intérêts nationaux qui couvrent le territoire métropolitain, les territoires d’outre-mer et son domaine maritime. Elle est, comme toutes les autres nations, confrontée à l’incertitude qui caractérise le cours des relations internationales. La France est aujourd’hui placée devant l’inquiétante perspective d’un partenariat russo-américain. Elle est exposée à l’évolution possible de nos principaux voisins face à la Russie. Elle doit parer les menaces qui pèsent sur nos territoires dans l’Indopacifique. Elle est démunie face aux offensives commerciales des Etats-Unis et de la Chine, ainsi qu’à leur avantage technologique.
Pour se défendre, la France doit constamment veiller à moderniser et à développer sa force nucléaire de dissuasion, la seule sur le continent européen qui soit en mesure de tenir en respect la Russie.
Pour se défendre, la France doit développer ses forces conventionnelles sur le territoire métropolitain et outre-mer, ce qui suppose une mobilisation cohérente de nos capacités industrielles et notre recherche.
Pour se défendre, la France doit prévoir un plan de protection des secteurs sensibles et une reconquête de notre indépendance technologique.
Notre pays recèle des trésors d’intelligence et de dévouement. Aujourd’hui paralysé par des élites faillies, il a hâte de reprendre le cours de son histoire.
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