En Lorraine occupée

Nov 23, 2012 | La guerre, la Résistance et la Déportation

 

Un retraité des chemins de fer décrit avec minutie la vie quotidienne à Nancy pendant la guerre : les restrictions, le prix des choses, les Allemands, les attentats…

Retraité tout à fait ordinaire, Georges Petitjean avait entrepris en 1940 une tâche qui est pour des lecteurs du 21ème siècle du plus haut intérêt : décrire par le menu ce qui se passe dans une grande ville française – Nancy en l’occurrence – tout au long de l’occupation allemande. Ce journal, tenu pour lui-même n’aurait pas été lisible sans le travail de romain accompli par François Moulin et Daniel Peter car le texte était souvent écrit en style télégraphique et assorti d’abréviations françaises et allemandes dont il a fallu retrouver le sens.

Ce journal décrit la réalité sans porter beaucoup de jugements même si l’on discerne une sympathie gaulliste chez ce retraité des chemins de fer, auteur d’articles érudits sur les transports publics, pas engagé en politique mais patriote, voire nationaliste. Georges Petitjean veut rendre compte, aussi précisément que possible. Il a l’avantage de pratiquer l’allemand, ce qui lui permet de lire la presse nazie et de bavarder avec les soldats ennemis. Il assiste aux réunions des partis collaborationnistes, lit leur presse, observe leurs rivalités. Il voit comment s’installent et s’organisent les forces d’occupation et entend ce qu’on dit à Vichy….

La vie quotidienne occupe bien entendu une place importante dans ce journal d’Occupation. Georges Petitjean note tout : le temps qu’il fait, les prix chez l’épicier et le boucher, la longueur des files d’attentes et ce qu’on y raconte, la ration de viande en août 1941 (100 grammes), ce qu’on trouve au marché noir et pour combien de francs mais aussi les bobards : Goebbels jeté dans un camp de concentration pour s’être opposé à l’invasion de la Russie, la nouvelle méritait de circuler ! Comme la plupart des Français, le discret piéton de Nancy – où l’on voit reparaître des fiacres – est préoccupé par le ravitaillement mais ne perd pas de vue l’évolution de la guerre : campagne de Russie, débarquement en Algérie, échos de la bataille de Stalingrad. Sous la botte allemande, la Lorraine est tout sauf calme : l’aviation alliée bombarde régulièrement les usines et on suit le développement de la Résistance : premiers V tracés à la craie, attentats, arrestations tandis que les Collabos veulent mettre la terreur à l’ordre du jour.

Simples et justes, ces observations méritaient d’être sauvées et restituées.

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  • La Lorraine à l’heure allemande, Journal de Georges Petitjean tenu sous l’Occupation à Nancy, Editions Renaudot, 2012.

Article publié dans le numéro 1023 de « Royaliste » – 26 novembre 2012

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