Fausses promesses sur fond de casseroles

Avr 22, 2023 | la lutte des classes

 

Après avoir voulu terrasser les syndicats, puis pensé qu’il l’avait fait, Emmanuel Macron a entrepris d’”échanger” pour “avancer”. Mais avec qui et dans quelles impasses ?

Au soir du 17 avril, il faut imaginer Emmanuel en homme heureux. La preuve, c’est qu’il chante dans la rue, avec un groupe rencontré par hasard lors d’une balade avec sa femme. Il chante de bon cœur après avoir parlé dans le poste, sans s’émouvoir des manifestants qui, depuis vingt heures, tapent sur des casseroles en réclamant sa démission.

Cet homme est heureux parce qu’il s’intéresse avant tout à lui-même, à ce qu’il pense et à ce qu’il dit. Et ce qu’il se raconte, c’est le récit d’un homme qui affronte l’adversité et la foule en colère avec un héroïsme digne de la Vérité qu’il porte en lui. Oh ! l’admirable Hercule technocratisé qui pense avoir coupé les têtes de l’hydre oppositionnelle en brutalisant le Parlement sous les regards compréhensifs des archontes du Conseil constitutionnel…

L’intervention télévisée du 17 avril était faite pour célébrer la victoire sur le mouvement social et pour tourner la page au moyen d’un étalage de promesses présentées sous la forme de “chantiers” : “nouveau pacte de la vie au travail”, ordre républicain et contrôle de l’immigration, participation des citoyens à la vie politique.

C’est à peine si l’on s’étonne qu’Emmanuel Macron évoque ces sujets comme s’il en découvrait l’urgence. Tout de même, cela fait neuf ans qu’il est au pouvoir, comme ministre puis comme président ! Surtout, ce discours de séduction a été rejeté par la grande majorité des Français, qui continue de soutenir le mouvement social. De fait, l’intersyndicale prépare un 1er Mai unitaire et massif, pour montrer la vitalité et la pugnacité du mouvement social.

Il n’est pas possible de croire à la victoire d’un homme qui suscite à chaque déclaration ou apparition publique des manifestations agrémentées de concert de casserole et qui, après les étapes chahutées de Sélestat le 19 et de Ganges le 20 avril, est allé jouer la comédie de la paix retrouvée dans un village Potemkine, non loin de Montpellier.

Il n’est pas possible de croire aux promesses d’un homme qui, soudain, trouve de l’argent pour les enseignants, les hôpitaux, la magistrature, la police… au moment où le ministre de l’Economie annonce, sur injonction de la Commission européenne, qu’il va falloir faire des économies.

Il n’est pas possible de croire aux promesses d’un homme qui anime, comme autant de marionnettes, un Premier ministre et les membres d’un gouvernement qui n’a pas de majorité à l’Assemblée nationale – et qui ne peut pas dissoudre parce que ce serait un désastre pour son parti.

On ne peut pas croire aux promesses d’un président qui n’arrive plus à imposer es amis – ainsi Boris Ravignon, candidat à la direction de l’Agence de l’environnement (Ademe) qui a été rejeté par le Parlement.

Emmanuel Macron dit sans cesse qu’il faut “avancer” vers de nouvelles réformes. Ce partisan de la disruption a été lui-même disrupté. Il va piétiner pendant quatre ans dans les toujours mêmes impasses.

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Article publié dans le numéro 1255 de « Royaliste » – 22 avril 2023

 

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