François Hollande : Capituler en lousdé

Mar 4, 2013 | Union européenne

 

Nicolas Sarkozy capitulait avec ardeur – ou hystérie – en récitant les formules d’Henri Guaino. François Hollande pratique la capitulation douce, enrobée, subreptice, en brave homme bien élevé.

 Récapitulons les capitulations à la mode hollandiste, non par vindicte mais pour savoir où nous en sommes dans la dégringolade absurde – tant elle est facile à éviter – qui nous est imposée.

Il y a eu la capitulation sur le nouveau traité européen TSCG que François Hollande ne voulait pas signer « en l’état » et qu’il a fait ratifier par le Parlement français. Monument de stupidité, le TSCG impose un équilibre budgétaire impossible à respecter.

Les hollandistes sont maintenant très discrets sur le Pacte de croissance qui était censé compenser l’austérité imposée par le TSCG. C’est que le hochet tendu à François Hollande lui a été retiré : le projet de budget de l’Union européenne est déterminé par l’obsession des économies budgétaires que les Allemands et les Anglais ont imposées sans la moindre difficulté à François Hollande qui, là encore, a renoncé à défendre des positions qu’il disait essentielles.

Promise pendant la campagne présidentielle, la loi de séparation bancaire en discussion au Parlement est d’une telle timidité que les banques ne s’en offusquent même pas. C’est qu’elles ont mené auprès du gouvernement une campagne de pressions très efficace qui leur permettra de continuer leurs spéculations à hauts risques. De nombreux économistes ont dénoncé cette loi qui « ne protègera pas plus qu’avant les dépôts des ménages français » (1) mais ils n’ont évidemment pas été écoutés.

Et la surévaluation de l’euro contre laquelle le président de la République avait protesté le 5 février lors de son discours devant le Parlement européen ? On se souvient que la chancelière allemande lui avait fait répondre que l’euro n’était pas surévalué. La France aurait pu repartir à l’offensive lors de la réunion de l’Eurogroupe du 11 février mais les ministres des finances se sont penchés sur la situation critique de Chypre – où la sinistre Troïka se prépare à sévir – et ils ont reporté le problème de la parité de l’euro au G 20 Finances, prévu quelques jours plus tard.

A Moscou, le 16 février, les ministres des Finances se sont bel et bien réunis et l’on pouvait imaginer que Pierre Moscovici, inspiré par les consignes de François Hollande et rongeant son frein depuis la réunion de l’Eurogroupe, allait taper du poing sur la table. Eh ! bien, figurez-vous que tel ne fut pas le cas. Les déclarations de notre ministre se sont perdues dans le commentaire sur la bouillie du communiqué final et on s’est aperçu que le G 20 s’était réuni pour ne rien décider alors que nous sommes entrés dans une redoutable guerre des monnaies. Les Japonais continueront donc à faire baisser le yen, l’Inde est en train de suivre et la zone euro reste inerte alors qu’elle va subir l’offensive monétaire d’autres pays. Encore une capitulation qui va provoquer, en France, de considérables dégâts.

Point troublé cependant, François Hollande a fait un bref passage en Grèce le 11 février. Accompagné de patrons français venus participer au dépeçage du pays, le président de la République a déclaré que « l’assainissement des finances publiques est nécessaire mais ne peut suffire » et qu’il ne voulait pas d’ « une Europe qui condamnerait les pays à une austérité sans fin ». Comme il ne met en question ni la zone euro, ni la Troïka qui est en train de détruire la Grèce et son peuple, ces phrases sont à ranger parmi les vœux pieux. Peu de Grecs ont pu entendre ces déclarations car les médias étaient en grève. De toutes manières, comme l’a noté Panagiotis Grigoriou (2), les Grecs savent fort bien que le pouvoir, en Europe, n’est pas à Paris mais à Berlin.

Strasbourg, Bruxelles, Moscou, Athènes : on circule, on parle, on se congratule. Pour rien.

 

Sylvie FERNOY

 

Article publié dans le numéro 1030 de « Royaliste » – 4 mars 2013

 

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