Horaires : Toujours plus pour toujours moins

Jan 7, 2008 | la lutte des classes

 

Tous les oligarques ne se doraient pas au soleil de l’Orient pendant les fêtes de fin d’année. François Fillon était à la tâche, modèle du cadre supérieur qui se lève tôt et qui travaille plus en attendant le retour du patron.

La tâche, en l’occurrence, consiste à poser ça et là des bombes à retardement destinées à détruire, le moment venu, un nouveau pan du droit du travail. C’est ainsi que le supposé Premier ministre a remis en cause la durée légale du travail dans un style alambiqué qui tente d’atténuer la violence de la provocation : « La juxtaposition de normes législatives, réglementaires ou conventionnelles a limité les possibilités de négocier sur la durée du travail au plus près des réalités vécues par les entreprises et les salariés » ; il faudrait donc que les partenaires sociaux s’interrogent sur les « conditions de validité d’un accord d’entreprise pour qu’il puisse librement déterminer les règles applicables : seuil de déclenchement des heures supplémentaires, taux de majoration… ».

Par une sorte de miracle, les réflexions de François Fillon concordent avec les interrogations de Laurence Parisot. « Je me demande s’il ne faut pas accepter de mettre sur la table la question de la suppression de la durée légale du travail », confiait-elle le 21 novembre dernier aux journalistes économiques et financiers. L’hyperpatronne acceptait même que la « détermination du seuil de déclanchement des heures supplémentaires » se fasse « branche par branche, ou entreprise par entreprise ».

Cette belle concordance ne permet cependant pas d’éviter les embrouillaminis.

Première complication : le porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez, affirme qu’il n’est pas question de remettre en cause la durée légale du travail mais qu’il faut allonger le « contingent annuel » qui bloque le recours aux heures supplémentaires. Inspecteur du travail, Gérard Filoche explique que ce contingent n’a cessé de s’allonger pour atteindre 220 heures avec la possibilité de dérogation par accord entre patronat et syndicats. Ainsi, le contingent est de 360 heures dans les hôtels, cafés et restaurants – ce qui conduit aux pratiques esclavagistes vertueusement repoussées par dame Parisot. Comme chaque heure travaillée hors contingent est majorée de 100%, toute extension du contingent repousse le seuil de majoration à 100%. On peut donc être forcé de travailler plus pour gagner moins !

Deuxième complication : dans le secteur privé, on compte au minimum 900 millions d’heures supplémentaires impayées. Dans le secteur public, l’Etat doit 5,3 millions d’heures supplémentaires aux policiers et 15 millions d’heures aux infirmières. Comme quoi on peut travailler plus et attendre pendant des années ou jusqu’à la Saint Glin-Glin d’être payé plus.

Est-il besoin de dire que le gouvernement et le patronat se moquent de nous ?

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Article publié dans le numéro 917 de « Royaliste » – 7 janvier 2008

 

 

 

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