Il faut persévérer

Déc 28, 2009 | Partis politiques, intelligentsia, médias

 

Noir bilan de l’année qui s’achève. L’armée française engagée dans le chaos afghan. La diplomatie française discréditée par les improvisations et foucades du supposé président. L’industrie et l’agriculture françaises ravagées par la concurrence internationale. La propagande officielle assène que nous nous en sortons mieux que les autres – et néglige nos quatre millions de chômeurs. C’est faire comme si notre pays vivait dans un splendide isolement alors que la zone euro sera très fortement ébranlée si la crise grecque n’est pas maîtrisée.

Nicolas Sarkozy et ses ministres peuvent dire n’importe quoi puisque les répliques de l’opposition sont faibles ou faiblement relayées par les médias. Cadeaux incessants au patronat, hausse minimale du Smic : à quoi bon se gêner ? Les deux principaux syndicats ont choisi, par intérêt ou par peur d’une explosion sociale incontrôlable, de cogérer la crise et, par conséquent, de protéger le pouvoir contre la colère populaire. Celle-ci existe, mais en éclats. Tout indique, cependant, que nous sommes dans une situation prérévolutionnaire : face à une oligarchie aujourd’hui remise de la grande frayeur provoquée par la crise financière, tout un peuple est momentanément uni dans son rejet, furieux ou résigné, du pouvoir établi. Dénoncer cette analyse comme « populiste » ne changera rien à cette situation explosive – mais sans issue prévisible puisque, pour la première fois dans notre histoire moderne, la dialectique du pouvoir et de l’opposition est au point mort.

On notera au passage que les oligarques, qui achètent les produits douteux des instituts de sondage, ne tiennent pas compte des résultats acquis à prix d’or : la « démocratie d’opinion » dont on faisait grand cas voici quelques années n’a plus le moindre semblant de réalité. Dans leur majorité, les Français ne font pas confiance à Nicolas Sarkozy, ne croient pas à la pertinence du « débat sur l’identité nationale » et sont très mécontents de leur salaire. Pourtant, le supposé président ne se remet pas en question, les incitations aux affrontements ethnico-religieux se multiplient et on continue à préférer les réductions d’impôts et les allègements de « charges » à l’augmentation de la masse salariale. Il s’obstine ? Nous devons tenir bon.

Nicolas Sarkozy fera l’objet d’un rejet croissant, silencieux ou non, car le prononcé des discours d’Henri Guaino ne fait plus illusion. Le supposé président confond la campagne électorale et la conduite des affaires de l’Etat. Comme son compère Berlusconi, il est désormais exposé à la haine de ceux qui ne trouvent pas de partis et de syndicats capables d’exprimer leur révolte et de la traduire en actions politiques.

Nicolas Sarkozy ne parviendra pas à transformer le combat politique et la lutte de classes en un conflit ethnique et religieux. Les provocations de ses agents dégoûtent même de nombreuses personnalités de droite et les véritables angoisses des Français tiennent au chômage, qui va encore augmenter, à leur endettement ou à leur surendettement et au montant de leur salaire.

Ces trois maux ont pour première cause le libre-échange sur le marché mondialisé – cette ultra-concurrence qui détruit les emplois, lamine les salaires et pousse à demander toujours plus de crédit.

Quant à la nécessité de protéger l’Europe, nous disposons d’analyses dont la pertinence a été démontrée par la crise mondiale. Quant aux salaires, Jacques Sapir vient de publier une étude décisive qui établit comme réalité désormais indiscutable la déflation salariale depuis 1983. Cette tendance a été masquée par divers modes de calcul mais les courbes publiées confirment le constat empirique des salariés – du moins de ceux qui ne touchent pas comme salaires une part des profits.

L’augmentation massive des salaires des classes moyennes et populaires est à la fois une exigence de la justice sociale et un impératif économique s’il l’on veut une relance effective de l’activité dans un système de protection continentale.

Que l’opposition se saisisse de ce programme de sortie de crise et elle deviendra immensément populaire.

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Editorial du numéro 960 de « Royaliste » – 28 décembre 2009

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