Inflation proclamatoire dans la Constitution

Déc 1, 2022 | Res Publica

 

La Cour suprême des Etats-Unis révoque le droit à l’avortement ? Alors, dépêchons-nous d’inscrire dans notre Constitution l’effectivité du droit à l’interruption volontaire de grossesse ! Par cette réaction empreinte de démagogie, le Palais-Bourbon se comporte comme s’il était le petit Capitole d’un État de l’Union.

Cette réaction, qui souligne l’américanisation des mentalités dans la gauche réputée progressiste, est d’une évidente absurdité puisque, en France, le droit à l’IVG n’est menacé ni par le Parlement, ni par le Conseil constitutionnel, ni par un parti constitué. Il est d’ailleurs significatif que le Rassemblement national ait décidé, par un retournement tactique destiné à désarçonner ses adversaires, de soutenir l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution.

L’américanisation mentale n’est pas la seule cause de l’initiative prise par la France insoumise. Cela fait trente ans que les gouvernements ou les députés s’efforcent d’inscrire dans la Constitution de vertueuses proclamations – sur l’égalité, la décentralisation, la suppression du mot race par exemple – qui sont redondantes ou infondées.

L’inflation proclamatoire affaiblit le corps de nos principes et fait oublier que la Constitution est conçue pour organiser les pouvoirs publics. Cette manie de l’ajout contribue à la perte des repères dont on se lamente par ailleurs. Dans notre pays frappé par de multiples crises, elle se traduit par une consternante perte de temps.

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Article publié dans le numéro 1245 de « Royaliste » – 1er décembre 2022

 

 

 

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