Jeudi noir

Déc 25, 2006 | Non classé

Mots clefs : logement | spéculation

De jeunes candidats à la location confrontés à la hausse vertigineuse des loyers parisiens dénoncent avec force et humour le scandale du logement. 

Le Happe-Ninnegue, que nos amis anglais traduisent approximativement par « happening », c’est l’acte théâtral instantané qui se produit d’ordinaire dans la rue.

Les militants de « Jeudi-Noir » ont réinventé ce mode d’expression, très prisé dans les années soixante-dix, en lui donnant un sens politique sans que le caractère festif soit pour autant perdu.

Pourquoi le jeudi ? Parce c’est le jour où l’on dévore le journal d’annonce de particulier à particulier.

Pourquoi ce jour est-il marqué d’une pierre noire ? Parce que les jeunes candidats à la location perdent du temps à visiter des studios minuscules « offerts » à des prix inabordables.

Pour échapper aux quêtes solitaires et désespérantes, ces victimes de la spéculation se sont réunies pour sensibiliser les pouvoirs publics et les citoyens. Moyens : la prise de contrôle d’une surface à louer, l’organisation d’une fête – à laquelle le propriétaire est invité – avec mousseux, cotillons, musique (disco), prise de photos et tournage d’une vidéo. Le tout est diffusé sur la Toile (1). En compagnie de Jeudi-Noir, les internautes peuvent donc visiter, en autre, un banal studio de 15m² loué pour 850 euros !

On aurait tort de prendre ces actions festives pour un simple défoulement.

Jeudi-Noir diffuse de solides analyses du marché du logement. Le collectif souligne que les jeunes sont particulièrement frappés par le coût du logement (les moins de 25 ans y consacrent 22% de leurs revenus) qui ne cesse d’augmenter parce qu’on laisse jouer l’offre et la demande sans appliquer les lois existantes : alors qu’il y a 136 000 logements vides à Paris (un sur dix !) et deux millions dans la France entière, la taxe sur les logements vacants est dérisoire (10 euros par logement) et les réquisitions possibles ne sont pas effectuées.

Pour en finir avec cette situation intolérable, Jeudi-Noir avance 23 propositions. Outre l’augmentation de la taxe sur les logements vacants et le recours aux réquisitions, le collectif demande le rétablissement de l’impôt sur la plus-value pour les résidences principales, la réforme du 1% logement, la remise à plat du système de l’aide au logement.

L’annonce par le Premier ministre d’un moratoire des loyers l’année prochaine a été saluée comme une première victoire. Pétillante, la lutte continue…

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Article publié dans le numéro 894 de « Royaliste » – 25 décembre 2006

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