La banlieue sans karcher

Avr 30, 2007 | la lutte des classes

 

 

Face aux provocations de Nicolas Sarkozy, contre les logiques de violence et de ségrégation, Roland Castro propose inlassablement des solutions politiques fondées sur son expérience d’architecte et d’urbaniste.

 

Il est fort peu question de l’ancien ministre de l’Intérieur dans ce livre (1). Simplement, Roland Castro dit que l’utilisation de la métaphore militaire du « nettoyage », qui rappelle la guerre d’Algérie, est une provocation qui vise à simplifier par la répression un problème complexe. Depuis le temps qu’elle est utilisée, on devrait savoir que cette technique de répression des « jeunes de banlieue » est inefficace. Elle pousse au repli sur la bande ou sur le groupe religieux, avec des révoltes ponctuelles : celle de jeunes Français, non d’étrangers clandestins et de fanatiques, comme en novembre 2005. Agir (policièrement) et laisser faire : telle est la recette ultralibérale.

L’autre simplification, par la démagogie mielleuse, n’est pas moins révoltante : les belles paroles et le fric qu’on balance à profusion dans les banlieues cachent l’indifférence prodigieuse de la nomenklatura de gauche, qui habite les beaux quartiers de Paris. « Agir et ne rien faire » : telle est le secret de la gestion sociale-libérale.

Les durs et les mous étant congédiés, Roland Castro peut en venir à ce qui lui tient à cœur : une politique de reconstruction qui transformerait enfin les banlieues en villes. Des principes de Le Corbusier aux recettes de Borloo, l’ancien animateur de Banlieues 89 explique en termes clairs toutes les erreurs qui ont été faites en matière d’urbanisme, toutes les fautes politiques qui ont été commises et dont le langage porte la trace : on ne retrouvera pas la civilité et la citoyenneté sur des « espaces » et des « territoires ». Il faut des rues, des places, des commerces, de beaux immeubles où il faut bon vivre, non des peinturlurages de façade et des zones pavillonnaires. Dans des banlieues parisiennes, dans les quartiers de plusieurs villes, Roland Castro a montré par voie de construction et de remodelages, ce qu’il était possible de faire. On peut y aller voir : ce n’est pas comme un programme électoral !

Et l’on peut, en se promenant, vérifier que le « problème des banlieues » ne sera pas résolu sans une politique cohérente de l’éducation, de l’emploi, de l’intégration civique.

On peut même faire une politique intelligente de la présence policière, à condition qu’on y mette les moyens – surabondants dans le centre des grandes villes. Bon révolutionnaire, en ce qu’il est plus gaullien qu’il ne le croit, Roland Castro a déjà son programme de gouvernement.

 

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(1) Roland Castro, Faut-il passer la banlieue au kärcher ? Editions de l’Archipel, 2007.

 

Article publié dans le numéro 903 de « Royaliste » – 30 avril 2007

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