Enfin un ministre qui démissionne ! Le départ de Jean-Pierre Chevènement déstabilise Lionel Jospin et permettra un rassemblement de patriotes de gauche, mais rien qu’à gauche.
Il est parti… Nous aurions préféré qu’il claque la porte au première jour de la guerre du Kosovo mais c’est l’histoire qui jugera des raisons qui ont conduit le ministre de l’Intérieur à siéger aussi longtemps dans un gouvernement qui s’est engagé, dès le début, sur la voie du reniement.
Toujours est-il que cette démission est une bonne nouvelle. Le départ de l’ancien compagnon de François Mitterrand pourrait en effet permettre le développement d’un mouvement patriotique de gauche plus riche de sens et plus cohérent que la mouvance qui s’agite autour de José Bové. Nous écrivons cela d’autant plus tranquillement que la Nouvelle Action royaliste ne souhaite pas participer à ce rassemblement (elle ne se situe pas dans la tradition nationaliste jacobine), et qu’elle n’y est pas souhaitée car le chevènementisme, comme tout républicanisme, garde des réflexes sectaires et tend, indûment, à incarner la République en tant que telle.
Cependant, il y a lieu de remarquer que le rassemblement nécessaire des antilibéraux de gauche n’aura pas de portée si le Mouvement des Citoyens reste dans l’ambiguïté. Comment peut-on mener le combat antilibéral si on continue à soutenir la politique ultralibérale du gouvernement et si on décide d’entrée de jeu de voter le budget du blairiste Fabius ? Comme soutenir l’artisan d’un processus (sur la Corse) qui est la cause immédiate de la démission du ministre de l’Intérieur ?
Le « soutien vigilant » de Jean-Pierre Chevènement à Lionel Jospin s’explique évidemment par le souci de préserver les intérêts du MDC aux prochaines municipales, ce qui atténue la force d’une conviction qui pourrait modifier de façon intéressante les rapports de force. Mais il serait hasardeux de croire que Jean-Pierre Chevènement prendra toute sa liberté après les municipales : il y a les législatives, pour lesquelles le Parti socialiste reste maître de la distribution des sièges, et surtout la présidentielle. Il est probable que Jean-Pierre Chevènement se présentera au premier tour en 2002, et se ralliera à Lionel Jospin au second, en espérant peser plus lourd dans la nouvelle majorité présidentielle en cas de victoire de la gauche. Libéré de l’hypothèque de Villiers, Charles Pasqua devrait avoir une attitude similaire, fédérer sur son nom les patriotes de droite et porter sa moisson de voix du premier tour à Jacques Chirac.
Le quadrille est donc en place et personne ne s’intéresse aux entrechats que le souverainiste Paul-Marie Couteaux (1) exécute dans les coulisses pour séduire les « républicains des deux rives ». La logique de l’élection est implacable.
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Nota Bene : M. Couteaux affirme (Le Monde, 31/8) avoir « des sympathies chez les monarchistes ». Précisons qu’il s’agit du courant maurrassien (absolutiste) : l’arrogance du personnage, les insultes et les menaces qu’il nous a adressées, font qu’il n’est plus invité dans nos réunions ni dans les colonnes de notre journal.
Article publié dans le numéro 755 de « Royaliste » – 18 septembre 2000
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