Nous ne prenons plus garde à une habitude pernicieuse : celle qui consiste à durcir les sanctions pénales au vu d’un fait divers – meurtre, enlèvement, évasion d’un criminel, bagarre de cour de récréation. Le gouvernement, qui annonce immédiatement la « réforme » (des hôpitaux psychiatriques, du régime pénitentiaire, de l’échelle des peines), soumet des projets de loi à l’émotion populaire : premier dévoiement.
Cette émotion populaire est saisie par le biais des informations télévisées, qui obéissent à des modes, et de sondages toujours douteux : deuxième dévoiement.
Tous les faits divers ne sont pas traités de la même manière : les accidents du travail ne provoquent ni l’émoi des ministres, ni le déplacement des équipes de télévision. Le 2 décembre, deux égoutiers qui travaillaient sur une canalisation à Biarritz sont morts, emportés par une montée soudaine des eaux. Le drame a été brièvement évoqué dans la presse, ce qui est rare, mais le gouvernement n’a pas saisi l’occasion pour lancer une enquête sur les accidents du travail. Il y a des morts utiles, et d’autres qui ne le sont pas.
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