On avait oublié Denis Kessler. Ancien militant de la Gauche prolétarienne, il fut, à la tête de la Fédération française des Sociétés d’Assurance puis à la direction du MEDEF (comme vice-président) l’un des artisans les plus intelligents et les plus déterminés de la guerre sociale déclenchée à la fin du siècle dernier par l’organisation patronale, ses alliés et ses clients.
Président d’une société de réassurance, Denis Kessler rédige pour le magazine Challenges des éditoriaux qui ont le mérite de la franchise. Celui du 4 octobre (n° 94) mérite une attention toute particulière.
Le programme du gouvernement, explique le jovial personnage, paraît confus. Régimes spéciaux, statut de la fonction publique, réforme de la Sécurité sociale, on fait tout en même temps et cela paraît aller dans tous les sens.
Erreur grossière ! « A y regarder de plus près, écrit Denis Kessler, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! ».
L’ancien vice-président du MEDEF se réjouit de cette destruction, trop longtemps retardée à son avis, mais qui est maintenant l’œuvre concertée d’une « nouvelle génération d’entrepreneurs politiques et syndicaux ».
Parmi ces entrepreneurs (de pompes funèbres), Denis Kessler compte sans doute Nicolas Sarkozy et sa suite.
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Article publié dans le numéro 911 de « Royaliste » – 15 octobre 2022
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