L’incontestable victoire de Nicolas Sarkozy nous laisse dans l’incertitude et ne dissipe pas les craintes que nous avions exprimées avant le 6 mai.

Les effets d’annonce se multiplient, mais nous ne savons rien du contenu du futur traité européen que le nouveau président de la République souhaite voir adopter par ses partenaires – puis par le Parlement français sans que les citoyens soient consultés. Nous ne connaissons pas encore les intentions réelles du gouvernement, telles qu’elles se traduiront en projets de loi sur les différents aspects de la politique sociale, de la politique pénale et de l’immigration. Contrairement à d’autres partis et mouvements d’opposition, nous ne ferons pas de procès d’intention mais tout chèque en blanc remis aux candidats de la majorité présidentielle est à exclure.

Nous pouvons cependant constater, au vu des réactions enthousiastes du Medef, qu’il n’y aura pas de « rupture » avec l’ultralibéralisme. Et nous sommes désormais certains que Nicolas Sarkozy s’engage dans une voie autocratique contraire à l’esprit et à la lettre des institutions fondées par le général de Gaulle.

Le nouveau président de la République exerce les fonctions du Premier ministre et laisse à François Fillon des tâches subalternes. Le nouveau président de la République veut être sur tous les fronts, dans tous les domaines, s’arrogeant l’initiative des lois, décidant à la place des ministres.  Il ne s’agit plus d’une lecture présidentialiste de la Constitution mais d’un mépris affiché pour les principes fondamentaux de l’arbitrage et de la séparation des pouvoirs qui risque de placer les Français sous l’égide d’un régime autoritaire.

Ce risque sera accru par l’élection d’une majorité de députés obéissant aveuglément aux injonctions du président de la République et de ses commis. Hostiles à cette conception pyramidale de l’exercice du pouvoir, résolus à défendre les institutions de la 5ème République sans cesser de vouloir l’instauration d’une monarchie royale démocratique et parlementaire comme il en existe tant en Europe, nous souhaitons l’élection de députés décidés à limiter la volonté de toute puissance du chef de l’Etat.

Ce souci d’équilibre ne peut se traduire par des conseils simples. Quant aux candidats du centre et de la gauche, il y a selon nous nécessité d’agir avec discernement.

Les candidats du Mouvement démocratique sont manifestement à la recherche d’une nouvelle voie politique mais ils se réfèrent à un homme qui a milité pour l’adoption du « traité constitutionnel » et qui continue à défendre des thèses ultralibérales dont le caractère meurtrier a été maintes fois établi.

Nous avions envisagé d’appeler à voter pour les candidats socialistes, sans prendre en considération les personnalités et les courants. Le défaitisme de la direction socialiste, l’absence de projet politique cohérent, les hésitations stratégiques et les luttes entre fractions nous empêchent de recommander le soutien à l’ensemble des candidats présentés par le Parti socialiste. Parmi eux, beaucoup veulent réaliser l’union avec les centristes, beaucoup conçoivent la politique comme une carrière à réussir au sein de l’oligarchie et s’accommodent de l’ultralibéralisme, beaucoup souhaitent en finir avec une 5ème République déjà mise à mal par le quinquennat.

Nous invitons nos adhérents et sympathisants à voter aux élections législatives des 10 et 17 juin :

– pour les candidats qui ont fait campagne pour le Non au référendum de mai 2005 et qui sont décidés à s’opposer à tout nouveau projet de « Constitution » européenne ;

– pour les candidats qui mènent avec constance la lutte contre l’idéologie et les recettes ultralibérales en France et au sein de l’Union européenne ;

– pour les candidats qui ont manifesté leur fidélité à la pensée et à l’œuvre du général de Gaulle et qui sont résolus à défendre nos institutions contre les projets de « sixième république ».

Le choix d’un bulletin de vote n’implique aucun rapprochement avec les partis politiques qui constituent l’oligarchie et nous laissent libres de nouer par la suite toutes les alliances nécessaires à la recomposition des forces politiques en France.

Le Comité directeur de la Nouvelle Action royaliste

 

Texte publié dans le numéro 906 de « Royaliste » – 11 juin 2007

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