Les socialistes et l’extrême droite : bêtes amalgames

Mar 14, 1984 | Partis politiques, intelligentsia, médias

 

L’extrême-droite progresse en France et les socialistes s’en inquiètent. Mieux vaut tard que jamais. Mais la réflexion engagée par le Parti socialiste semble encore confuse …

Au début du mois, le P.S. a réuni un colloque sur « l’extrême droite et ses connivences ». Thème intéressant, auquel nous aurions pu apporter notre contribution puisque notre journal dénonce depuis plus de dix ans la renaissance des idéologies racistes. Le P.S. l’a sans doute oublié. De même qu’il a oublié d’inviter un journaliste de « Royaliste » à assister aux débats, ce qui nous oblige à en rendre compte indirectement.

A lire l’article publié par « Le Monde », il semble que de bonnes choses aient été dites, dans une confusion regrettable, voire scandaleuse. Selon certaines déclarations, il semblerait que toutes les réhabilitations et toutes les révisions historiques soient à mettre dans le même panier. Ainsi, M. Sternhell condamne dans une même diatribe le fait que l’on puisse parler de génocide sous la Révolution française et le fait que certains défendent Brasillach. De même, Max Gallo déplorera l’existence d’une « école révisionniste du catéchisme (sic) de la Révolution française » qui serait de même nature (et de même origine ?) que l’école révisionniste du nazisme. Si nous avons bien compris, les historiens réputés (et pour la plupart de gauche qui s’interrogent sur la logique de la Terreur ne vaudraient pas mieux que M. Faurisson. Ce qui montre que le Parti socialiste a comme toujours le sens des nuances et professe un immense respect pour la recherche historique. Heureusement que M. Jospin a demandé aux participants du colloque d’éviter les amalgames, sinon la moindre critique adressée à Jaurès serait devenue une preuve de nazisme.

Pour éviter l’agacement, mieux vaut évoquer le meilleur moment du colloque : celui où M. Jospin a déclaré qu’un des éléments fondamentaux de la connivence entre la droite et l’extrême-droite tient dans la mort idéologique du gaullisme. L’analyse est exacte. Mais il serait juste de dire que si M. Chirac est responsable de cette « mort », M. Jospin est historiquement complice du crime puisque son pari n’a cessé de dénoncer le gaullisme et de lutter contre lui. Donc si nous raisonnons comme au colloque du P.S., il est logique de dire que M. Jospin est complice de M. Chirac et, par conséquent, responsable du retour de l’extrême-droite. Tant il est vrai que critiquer la Révolution française équivaut à excuser les nazis.

Socialistes, encore un effort pour penser sérieusement !

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Article publié dans le numéro 400 de « Royaliste » – 14 mars 1984

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