Les propos de bon sens sont exaspérants car ils cachent souvent des mensonges difficiles à détruire sans longues explications. Mais sur le traité européen, Nicolas Sarkozy peut être immédiatement pris la main dans le sac à malices.
Lancés au cours d’une émission ou depuis une tribune, les propos de bon sens font toujours mouche. Nicolas Sarkozy excellait dans ces exercices rhétoriques ! On se souvient de la subtile dialectique qui lui permettait de se poser en champion de l’ordre et de la morale : s’il y a en qui sont pour excuser les voyous, je ne peux pas les suivre sur ce terrain : ils doivent être mis en prison…
Le temps d’expliquer qu’on n’approuve pas les voyous (dénégation suspecte) et de montrer que d’ordinaire les magistrats font scrupuleusement leur métier (ce qui amène la sempiternelle discussion sur le laxisme des juges), le bon sens avait produit son effet. Quelques mois plus tard, on s’aperçoit que certains ministres et certains conseillers ont ou pourraient avoir des problèmes avec la justice et constituent au sein de l’Etat une voyoucratie en col blanc… Hélas, le tour est joué.
Heureusement, l’argument de bon sens ne fonctionne pas à tous les coups. Nicolas Sarkozy a tenté cette entourloupe lors de la signature du traité de Lisbonne mais au lieu de convaincre il s’est livré à un formidable aveu.
Ecoutons le supposé président : « à la minute où la France organiserait un référendum sur le traité simplifié, la Grande-Bretagne en ferait autant. Et quelle est la chance qu’en Grande-Bretagne il y ait un oui ? ». Aucune, on s’en doute ! Puis Nicolas Sarkozy a déclaré que les partenaires de la France avaient accepté de renégocier le traité à condition que le peuple français ne soit pas consulté par référendum. Intéressante révélation qui prouve que l’oligarchie européenne opère dans le déni de démocratie.
Comme de coutume, Nicolas Sarkozy a conclu la main sur le cœur : « Je ne serai pas celui qui isolera la France de l’Europe et je ne serai pas celui qui portera un message de division en Europe » (…). « On a besoin de l’Europe (…) et ce n’est pas maintenant qu’on a remis l’Europe sur les rails qu’il faut aller s’amuser à les recasser ». Autrement dit, Nicolas Sarkozy ne veut pas organiser de référendum parce qu‘il ne veut pas porter la responsabilité d’un échec certain. Il a même l’audace d’affirmer que les Français lui ont donné mandat de faire ratifier par voie parlementaire un texte qu’ils ne connaissaient pas et qui est une copie presque conforme du défunt « traité constitutionnel ».
Jusqu’au bout, militons pour le référendum (1).
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(1) Nous invitons nos lecteurs à signer l’appel du Comité national pour un référendum :
http://www.nousvoulonsunreferendum.eu
Article publié dans le numéro 916 de « Royaliste » – 24 décembre 2007
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