Officiellement, il n’y a pas de problème : l’utilisation d’obus à uranium appauvri est sans relation avec les maladies qui frappent des militaires ayant servi dans le Golfe, en Bosnie et au Kosovo. Pourtant, les bombardements américains continuent de tuer militaires et civils.
Au siège de l’OTAN à Bruxelles, comme au ministère française de la Défense, les porte-parole officiels se veulent rassurants. Pas trace d’épidémie de leucémies et autres maladies mortelles chez les militaires qui ont été en opération dans le Golfe et dans les Balkans. Et nous pouvons lire dans des journaux réputés pour leur sérieux des articles en tous points rassurants.
Dans Le Monde (23 janvier) un médecin, ancien de l’UCK, assure qu’aucun cas de leucémie n’a été découvert chez les combattants de cette formation, et un autre membre du service de santé kosovar déclare que le nombre de cas de leucémies est passé de 24 cas en 1998 à 19 en l’an 2000. Même son de cloche au Nouvel observateur (n° 1889, 18 janvier) : sous le titre : « Kosovo : l’épidémie introuvable », Jean-Gabriel Fredet cite les mêmes sources, et affirme que les populations vivant dans les zones de guerre sont en bonne santé.
En somme, ceux qui s’alarment sont des propagandistes proserbes, des anti-américains patentés, des malades qu’il faut soigner. Le syndrome des Balkans serait un phénomène hystérique, ou paranoïaque. Tel est le message, parfaitement objectif, de certains journalistes qui ont approuvé la guerre d’agression contre la République yougoslave, et qui continuent de nier ses effets en tous points désastreux.
Nous sommes donc fous, et de plus en plus nombreux à l’être puisque nous nous obstinons à relever, après beaucoup d’autres (1), une série de faits pour le moins inquiétants :
1/ Nul ne conteste que des munitions à l’uranium appauvri (UA) ont été massivement utilisées par les Américains lors de la guerre du Golfe et lors des bombardements sur la Bosnie et sur l’ensemble du territoire yougoslave. La Serbie et le Kosovo ont été frappés par 31 000 contenant au total 10 de tonnes d’uranium appauvri.
2/ Il est scientifiquement reconnu que les poussières qui se volatilisent après l’impact des obus UA sont hautement toxiques du point de vue chimique : fibroses pulmonaires, cancers, atteintes du système nerveux (et pas seulement les leucémies) figurent parmi les maladies graves ou mortelles engendrées par ces projections.
3/ Les spécialistes, Américains ou autres, admettent que l’uranium appauvri contient du plutonium, mais, dit-on à l’état de traces. On relève cependant une radioactivité anormale sur les sols bombardés par les Américains
4/ Un médecin a relevé une augmentation de 10% des leucémies et cancers chez les 5 000 Serbes chassés du quartier de Hadzici, bombardé en 1995 par l’OTAN. Il est vrai que cette doctoresse est serbe, donc suspecte aux yeux de la presse objectivement correcte, mais Libération, qui fut une des principaux organes de l’antiserbisme obsessionnel, rapporte ces faits et reconnaît que Slobodan Milosevic « disait vrai » lorsqu’il dénonçait l’utilisation de munitions UA.
5/ On observera que le Haut-Commissariat pour les Réfugiés interdit expressément d’envoyer des femmes enceintes en mission au Kosovo, terre chimiquement pure et radioactivement normale aux dires des militaires de l’OTAN, des « anciens » de l’UCK et de leurs amis parisiens.
De démentis en diagnostics sur les délires de ceux qui mettent en doute les déclarations des milieux militaires, on finira bien par reconnaître l’atroce vérité qui se dessine : dans les années qui viennent, des milliers de militaires et de civils, en Irak et dans les Balkans, vont mourir de guerres « propres » qui devaient faire « zéro mort » chez les soldats de l’OTAN et épargner, grâce aux frappes chirurgicales, les populations innocentes.
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(1) les articles exposant l’affaire des projectiles à l’UA et dénonçant les mensonges des Nations unies sur le sujet dans Le Monde diplomatique de février 2001, et les nombreuses sources (ouvrages, rapports, enquêtes) indiquées par notre confrère. L’émission «Pièces à conviction», diffusée le 1er février sur FR3, a présenté une impressionnante série de documents, de témoignages et d’enquêtes de terrain que, faute de place, nous ne pouvons évoquer ici.
Article publié dans le numéro 766 de « Royaliste » – 19 février 2001.
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