Sur les ruines des partis classiques, Emmanuel Macron et son entourage ont construit en quelques mois le premier « parti-entreprise » français, conçu comme socle du pouvoir personnel et fer de lance du projet ultralibéral. Attention, on va utiliser des anglicismes !
Coup de génie ou coup de poker ? Peu importe. Emmanuel Macron s’est trouvé au bon endroit en un moment où les grands partis du 20ème siècle étaient en bout de course, avec un Front national qui pouvait une fois de plus – la dernière ? – servir de marchepied pour l’accession au pouvoir.
Pour sa campagne électorale, le candidat-surprise n’avait pas seulement à trahir François Hollande. Il lui fallait une petite organisation militante. Au lieu de rallier des groupes existants, les macroniens ont créé une start up, En Marche, qui a organisé un semblant de consultation de la population et traité les réponses sur le mode de l’analyse marketing à grand renfort d’algorithmes. L’apparence gaullienne – l’homme qui s’adresse directement au peuple – la présentation tardive du programme, le soutien de la presse et l’aisance financière du candidat ont permis de créer au premier tour un vote de conviction – environ 10% du corps électoral – la peur panique du Front national faisant le reste.
Parvenu au pouvoir, Emmanuel Macron a utilisé sa start up pour « dégager » les vieux partis sur le mode populiste puis il l’a transformée en une formation de type nouveau – du moins en France – pour donner une assise minimale à son pouvoir. Après avoir joué sur les apparences monarchiques – au Louvre et à Versailles – le vainqueur de la compétition se comporte comme un manager exerçant son leadership grâce à une équipe restreinte qui gère les ministres par le biais des directeurs de cabinets et qui encadre les élus par le biais de Christophe Castaner, le patron de La République En Marche choisi par Macron.
Les militants macroniens qui se plaignent de la gestion non-démocratique de LREM n’ont pas vu qu’ils n’étaient pas dans une formation politique classique mais dans un business firm party – un parti qui fonctionne sur le modèle de l’entreprise privée, sans base sociale, sans débat interne, pour la seule promotion du chef et des idées du chef. A bien des égards, LREM ressemble à Forza italia de Silvio Berlusconi et à Russie unie, créé par les hommes de Vladimir Poutine.
Voilà comment ça marche, la macronie. Mais nul ne sait si ça pourra longtemps marcher comme ça.
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Article publié dans le numéro 1122 de « Royaliste » – 27 novembre 2017
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