Le nihilisme est une logique de l’équivalence : tout se vaut, donc rien ne vaut. Emmanuel Macron baigne dans cette philosophie de bazar qui lui fait nier l’Histoire et subvertir nos institutions politiques.

Pour lancer, in extremis, la campagne de ses partisans, Emmanuel Macron avait accordé le 4 juin un entretien à la presse quotidienne régionale. C’est là qu’il annonça tout à trac la création d’un Conseil national de la refondation (CNR) chargé de discuter sur les cinq objectifs annoncés pendant la campagne présidentielle : « l’indépendance, le plein emploi, la neutralité carbone, les services publics et la renaissance démocratique”.

L’idée est d’associer les citoyens à l’élaboration politique et de mettre “Paris au service du terrain”. Hélas, nous ne sommes pas les seuls à avoir remarqué que, huit jours avant le premier tour des élections législatives, les déclarations relatives à ce Conseil entraînaient une délégitimation de l’Assemblée nationale, qui a justement parmi ses tâches l’examen des projets de loi présentés par le gouvernement.

On a moins remarqué que cet hypothétique Conseil se surajouterait au Conseil économique, social et environnemental qui agit comme conseil du gouvernement, par le dialogue entre les principaux groupes sociaux – non moins proches du “terrain” que l’organe inventé par l’Elysée. La “méthode” macronienne consiste à déstabiliser l’édifice institutionnel prévu par la Constitution, au moment même où la démocratie représentative est durement contestée.

A cette subversion institutionnelle s’ajoute une négation de notre histoire nationale. Au fil de l’entretien publié par la presse régionale, Emmanuel Macron confirme que son Conseil national de la refondation procède de la même inspiration que le Conseil national de la Résistance parce que “Nous vivons un temps comparable. Nous sommes dans une ère historique qui impose de changer profondément de modèle et puis la guerre est là”. Emmanuel Macron avait solennellement déclaré le 3 mars que “nous ne sommes pas en guerre avec la Russie” et il n’apparaît pas que la France soit sous la botte d’une armée étrangère. Qu’importe le réel, pourvu qu’on fasse trois phrases qui resteront trois jours dans la mémoire médiatique.

Surtout, comme le rappelle Arnaud Teyssier (1), le programme du CNR ne saurait être une référence pour Emmanuel Macron puisque ses amis du patronat ont clairement exprimé leur volonté de détruire l’héritage de la Résistance et de la Libération. Denis Kessler l’avait froidement expliqué en 2007 et les “réformes” entreprises depuis des décennies n’ont pas d’autre objectif.

Emmanuel Macron ressemble à ces mondains qui disent n’importe quoi pour attirer l’attention. Ses contradictions sont les facettes d’une inlassable entreprise de séduction. Jusqu’au bout, il se jouera des Français et de leur histoire.

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(1) l’entretien accordé par Arnaud Teyssier au Figaro du 5 juin : “Aujourd’hui, l’héritage du CNR est désigné comme source de notre impuissance”.

Article publié dans le numéro 1227 de « Royaliste » – 19 juin 2022

 

 

 

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