Macron: Un mauvais roman marxiste

Mai 6, 2016 | la lutte des classes

Mots clefs : En Marche | Young leaders

La vérité, c’est qu’Emmanuel Macron n’est pas vrai. C’est une caricature qu’on pourrait trouver dans un mauvais roman marxiste où l’on verrait la falote créature des banquiers et des patrons s’emparer de l’appareil d’Etat pour exploiter le pauvre monde.

Dans un très mauvais roman de l’époque stalinienne, le bel Emmanuel serait un gandin gominé qui aurait épousé une riche héritière et qui serait à la botte des banquiers et des politiciens de droite. Mais nous sommes au 21ème siècle et le jeune bourgeois provincial a fait la carrière d’un ambitieux de notre temps : l’ENA, l’Inspection des finances et le pantouflage chez Rothschild avant de retourner à ce qu’on appelait autrefois le service de l’Etat – aujourd’hui une simple étape dans un plan de carrière.

Et la riche héritière ? On peut s’en passer puisqu’on peut faire très rapidement sa pelote soi-même. L’inscription dans un parti de droite n’est pas non plus indispensable. Macron est de gauche comme Fabius est socialiste et le monde des affaires a compris depuis la fin du siècle dernier qu’on pouvait promouvoir sans risque les gens de l’élite rose qui ont montré patte blanche. Or le jeune Emmanuel n’est pas normalien comme il le laissait entendre naguère mais il a fait beaucoup mieux : il est membre de la promotion 2012 des Young leaders de la French-American Foundation et c’est Jacques Attali en personne qui l’a recommandé à la banque Rothschild. Le reste s’enchaîne : il dit avoir voté pour Jean-Pierre Chevènement en 2002 mais il est proche de Michel Rocard et son pédigrée en a fait le poulain de Hollande…

L’idéologie macronienne est parfaitement adéquate au personnage : conformiste jusqu’à la caricature.  Le libre-échange, l’euro, le profit… sont autant d’évidences proclamées dans une langue de bois sans aspérités. Ce qui distingue le jeune Emmanuel dans la hollandie, c’est son apparence de bon jeune homme bien mis qui en fait le gendre de rêve pour toutes les mamans de France : il est en politique ce que fut Michel Drucker à la télévision. Le très distingué Emmanuel est jeune et restera jeune très longtemps – comme Ségolène Royal. D’ailleurs, Emmanuel a été lancé par L’Obs, comme Ségolène naguère car le vieil hebdomadaire de la gauche moderniste aime les jeunes réformateurs. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Il y a du Pinay, il y a du Balladur dans ce Macron-là.

Il y a aussi et surtout de la communication : lancé le 6 avril, le mouvement En Marche est typique du démarchage « consensuel » : Macron se présente comme un homme transpartisan mais cette posture signifie seulement qu’il peut servir les présidents de gauche et de droite tout en se préparant à rafler la mise élyséenne. Tout cela est fort bien calculé sauf sur le point essentiel : Macron joue le consensus dans une société ravagée par la lutte de classes, la lutte que mène contre un salariat dispersé ses amis du Medef et de la Banque.

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Article publié dans le numéro 1100 de « Royaliste » – 6 mai 2016

 

 

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