Le gros cafouillage sur la question de l’euro, qui a marqué la fin de la campagne lepéniste, est-il la conséquence de l’amateurisme de la candidate ou l’amorce confuse d’un tournant stratégique ?
Ayant depuis longtemps fidélisé sa base nationaliste xénophobe, la candidate frontiste avait axé sa campagne 2017 sur la souveraineté nationale et la sortie de l’euro avait été présentée comme la condition indispensable du redressement économique et social. A l’intérieur du parti, cet équilibre apparent pouvait convenir le temps de la campagne aux amis de Florian Philippot comme à ceux de Marion Maréchal-Le Pen.
Puis nous avons appris que la sortie de l’euro ne figurait plus au programme de la candidate et que « l’accord de gouvernement » signé avec Nicolas Dupont-Aignan indiquait que « la transition de la monnaie unique à la monnaie commune européenne n’est pas un préalable à toute politique économique ». S’ensuivirent des déclarations confuses : tandis que Florian Philippot annonçait un référendum dans les six ou huit mois, Marion Maréchal-Le Pen déclarait que « Marine Le Pen attendra les élections européennes en 2018 dans l’espoir de voir arriver aux affaires nos alliés, notamment en Italie » et qu’ensuite elle entamerait un processus qui pourrait prendre plusieurs mois, voire des années. On attendait donc une mise au point de Marine Le Pen face à Emmanuel Macron. Nous eûmes droit sur l’euro, la monnaie commune et l’ECU à un cafouillage qui restera dans les annales de la prestation nullissime. Tous les sarcasmes ayant été épuisé dès le lendemain du débat télévisé, on peut se concentrer sur les interrogations essentielles :
Marine Le Pen a-t-elle amorcé un tournant stratégique consistant à sacrifier la promesse de souveraineté monétaire pour raccrocher la droite filloniste après avoir récupéré Nicolas Dupont-Aignan ?
Marine Le Pen a-t-elle improvisé ce changement et donné la preuve de sa fragilité personnelle, bien connue des proches, et d’un amateurisme jusqu’alors compensé par le bagout de Florian Philippot ?
Comme les plus sérieux parmi les conseillers de Marine Le Pen ne parviennent pas à donner des explications claires et cohérentes sur la monnaie, il est probable que l’état-major a été pris de panique au vu des sondages hostiles à une sortie de l’euro. Et comme Marine Le Pen s’est contentée d’apprendre ses leçons sur la monnaie sans rien y comprendre, elle a dit n’importe quoi comme le cancre face au professeur.
On imagine la déroute de Marine Le Pen devant la chancelière allemande et ses hommes de main…
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NB : Nicolas Dupont-Aignan a menti à ses électeurs – dont nous fûmes – et renié ses engagements sur l’euro. Il réintègre le camp de la droite conservatrice, qui n’a jamais été le nôtre.
Article publié dans le numéro 1122 de « Royaliste » – 9 mai 2017
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