Morts au travail

Mai 5, 2024 | la lutte des classes

 

 

Le fait divers fait diversion, notait Pierre Bourdieu. La pertinence de la maxime se vérifie chaque jour dans la presse écrite et télévisée. Il faut bien entendu informer sur les meurtres et les assassinats mais l’information, qui tient en quelques lignes ou en quelques minutes, est avant tout le moyen de cultiver “l’émotion” par des commentaires insipides entre deux écrans publicitaires.

Il y a aussi des faits divers qui ne font pas diversion, tout simplement parce qu’ils ne sont ni évoqués ni commentés dans les médias. C’est le cas des accidents du travail. A titre d’exemple, la place accordée par les médias à deux événements : “l’accident” survenu au chanteur Kendji Girac qui s’est tiré une balle dans la poitrine au cours d’une nuit alcoolisée et poudrée ; les échos médiatiques de la manifestation organisée par des syndicalistes et des amis de Amara Dioumassy, mort en juin 2023 sur un chantier des Jeux olympiques faute de mesures de sécurité appropriées.

Même discrétion le 28 avril lors de la Journée nationale de lutte contre les accidents du travail. De très rares articles ont signalé que la France arrivait en quatrième position pour les accidents du travail mortels avec 738 décès en 2022, soit deux morts par jour. Et notre pays arrive au premier rang européen pour l’ensemble des accidents du travail, mortels ou non.

Deux morts par jour et pas un mot dans les médias, pas une enquête sur les responsables de ces drames quotidiens, pas la moindre trace de la sacro-sainte émotion.

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Article publié dans le numéro 1278 de « Royaliste » – 5 mai 2024

 

 

 

 

 

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