Nul ne peut se prévaloir des turpitudes d’autrui. En d’autres termes, ce n’est pas parce que la gauche a commencé de mélanger la gestion politique et la promotion familiale que la droite peut se croire autorisée à agir de même.
Lointain souvenir de l’enseignement de nos instituteurs : chez les républicanistes comme chez les royalistes, on juge très sévèrement l’influence exercées sur les rois de France par certaines de leurs maîtresses. On se souvient aussi que la 3ème République n’avait pas fait disparaître les intrigues – féminines ou pas…
Mais voici qu’une nouvelle tendance se confirme : au sein de l’oligarchie française, la pratique du népotisme et les transmissions héréditaires sont acceptées avec une bonhomie qui n’est en rien démocratique et républicaine.
Il est vrai que la gauche avait commencé. Certains soirs a l’Elysée, les parents de François Mitterrand faisaient songer à la famille Bonaparte et des députés socialistes n’hésitaient pas à se servir de leur femme et de leurs enfants pour enjoliver leur image de marque. A l’époque nous avions protesté au nom du principe républicain : on vote pour un individu, pas pour ses moutards et son conjoint. Et le fait d’accoucher en public (plus exactement de se faire photographier en accouchée), comme naguère Ségolène Royal, ne préjuge en rien des qualités politiques de la dite personne.
Certains responsables politiques (Laurent Fabius notamment) étaient conscient des dangers de ces spectacles familiaux, mais rien n’y a fait. Certaines épouses de ministres de gauche ont continué à se mêler de ce qui ne les regardait pas, et plusieurs ont dépensé à tout va les deniers publics dans des achats et des aménagements inutilement coûteux. On vit aussi la CFDT devenir héréditaire, de Chérèque père en Chérèque fils, après une régence Notat.
La droite n’est pas en reste. Depuis sept ans, le président de la République donne le mauvais exemple en associant sa femme et sa fille à l’exercice de ses fonctions. On ne s’étonne donc pas d’apprendre que le népotisme est désormais considéré comme une pratique naturelle. Madame Raffarin a son bureau à Matignon, Madame Ferry se mêle des affaires du ministère de l’Education nationale, le fils Bachelot aide sa Maman, Madame Sarkozy est très active auprès de son mari, tout comme Madame Jospin il y a quelques mois.
Il est inutile de répéter que tout cela n’est ni démocratique, ni républicain : mâles ou femelles, les oligarques s’en moquent. Mais sans jouer aux moralistes, on peut les mettre en garde sur un point : diffuser dans les médias l’image de la famille idéale, gérer un ministère en couple, c’est inciter les journalistes à aller regarder derrière les belles apparences. Ceux qui mêlent responsabilités publiques et vie privée risquent de voir la polémique politique envahir leurs jardins secrets. Le discrédit de la classe dirigeante s’en trouvera augmenté.
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Article publié dans le numéro 801 de « Royaliste » – 14 octobre 2002
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