Pour le premier tour de l’élection présidentielle, toutes les hypothèses étaient sinistres : l’absence d’un candidat gaulliste authentique et la dispersion des antilibéraux conduisait à une compétition entre les trois représentants de l’oligarchie et le candidat de l’extrême droite.

D’où le vote blanc que la Nouvelle Action royaliste préconisa à regret.

Au soir du 22 avril, c’est finalement le scénario le plus classique qui a prévalu au terme d’une campagne marquée par le choc des démagogies, le refus des principaux candidats de débattre entre eux et une formidable attention populaire qui s’est heureusement traduite par un taux de participation très élevé.

Le peuple français reste passionné par la politique – ce qui constituer une belle raison d’espérer – mais l’issue du premier tour de scrutin ne permet pas d’entrevoir une issue paisible et démocratique à la crise qui meurtrit notre pays. Après l’élimination des deux candidats qui ne présentaient pas une opposition solide et constructive à la classe dirigeante – François Bayrou et Jean-Marie Le Pen – restent en lice le candidat de la droite et la candidate de la gauche oligarchiques.

Comme pour le premier tour, notre décision ne peut être prise par calcul tactique mais selon nos convictions et par rapport au programme politique que nous avons élaboré.

L’élection de Nicolas Sarkozy exposerait la France, les Français et l’ensemble des habitants de notre pays à plusieurs périls d’une extrême gravité :

Péril pour la paix civile : quand il était ministre de l’Intérieur, le président du parti de droite à construit son « image » sur un discours de guerre civile à connotations ethnicistes, marquées par des provocations délibérées contre certains jeunes citoyens et contre certains quartiers.

Péril pour les libertés : le langage autoritaire, la conception exclusivement répressive du travail de la police, les pressions sur les médias, les menaces prononcées à l’encontre de certains journalistes ne sont pas acceptables dans une nation démocratique.

Péril pour la justice sociale, déjà fortement réduite par les compromis du gouvernement Jospin et par les mesures prises depuis cinq ans par la droite : Nicolas Sarkozy veut une Sécurité sociale à plusieurs vitesses ; il veut porter une insupportable atteinte au droit de grève ; il a été, est et sera l’allié fidèle du Medef. Il a été, est et sera l’agent d’une régression sociale sans précédent.

Péril pour la nation : son intention avouée de faire adopter un nouveau traité européen par le Parlement marquerait l’effacement définitif du référendum de 2005, par lequel les Français ont refusé que la France se perde dans le grand marché ultralibéral. Le fort soupçon d’atlantisme qui pèse sur le candidat de la droite aggrave les craintes d’alignement de notre pays sur la désastreuse politique américaine.

Pour ces motifs principaux, nous excluons le vote en faveur de Nicolas Sarkozy.

Tout au long de la campagne du premier tour, Ségolène Royal n’est pas parvenue à obtenir notre confiance. Confuses, parfois contradictoires, ses promesses économiques et sociales sont inférieures à celles présentées par les socialistes en 1997 – et qu’ils ne respectèrent pas. Le flou général qui entoure les conceptions diplomatiques de la candidate socialiste ne peut qu’augmenter notre méfiance – malgré la promesse d’un  référendum sur un nouveau traité européen et les timides remontrances adressées à la Banque centrale européenne.

Surtout, le projet de « sixième république » qui rallie toute la gauche antigaulliste constitue pour la Nouvelle Action royaliste un empêchement décisif : notre mouvement ne soutiendra pas une candidate qui veut détruire les institutions gaulliennes, déjà fortement dégradées par la réduction de la durée du mandat présidentiel.

En cas de victoire de Nicolas Sarkozy, la Nouvelle Action royaliste envisage d’appeler à voter pour les candidats de gauche aux élections législatives, afin que la France ne soit pas livrée à un autocrate et à ses commis. Mais pour le second tour de l’élection présidentielle, elle conseille, une nouvelle fois à regret, de voter blanc.

 

Le Comité directeur de la Nouvelle Action royaliste

 

Déclaration publiée dans le numéro 903 de « Royaliste » – 30 avril 2007

 

 

 

 

 

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