Non à l’euthanasie !

Déc 28, 2024 | Non classé

 

Le projet de loi légalisant l’euthanasie reste à la disposition d’une majorité de circonstance. Il faut qu’il soit retiré.

Membre de l’Institut et Grand Rabbin de France, Haïm Korsia s’adresse, selon sa foi et son expérience des êtres humains, à l’ensemble des citoyens, tous confrontés à l’épreuve de la mort qui s’annonce pour leurs proches puis pour eux.

L’euthanasie présentée doucereusement comme une “aide active à mourir”, fraternellement accordée, serait donc à vanter comme ultime preuve de sollicitude à l’égard du prochain. Haïm Korsia s’insurge contre cette imposture morale, qui invoque la compassion pour masquer une vision utilitariste de la société. Pousser activement vers la tombe les malades incurables et les vieillards permettrait de faire de grosses économies !

L’utilitarisme qui est à la base du néolibéralisme nie le principe fondamental de notre civilisation, qui affirme avec le judaïsme puis le christianisme la sacralité de la vie selon la sixième Parole : Tu ne tueras point. Cette interdiction implique l’obligation de choisir la vie “pour que vive toi et dans descendance” comme il est écrit dans le Deutéronome.

Il est courant d’entendre objecter que l’individu moderne libéré de toute religion n’a que faire des commandements divins. Mais le respect de la dignité humaine recèle la même exigence, qui ne saurait être abandonnée au vu de sondages d’opinion, par conformisme “progressiste” ou pour favoriser des combines politiciennes.

Haïm Korsia n’ignore pas qu’il sera lu par de très nombreux incroyants et c’est un appel à la raison politique qu’il lance dans son essai, aussi court que dense. (1). Nous n’avons pas besoin, écrit-il, d’une nouvelle loi sur la fin de vie “car nous avons déjà établi que personne ne doit souffrir, qu’aucune souffrance n’est acceptable et que le droit de ne pas souffrir est une évidence”. La loi Claeys-Leonetti, qui permet de pratiquer une sédation profonde, continue et irréversible est suffisante. Les produits utilisés ne tuent pas le malade ; ils endorment la souffrance d’un être humain dont la vie va s’éteindre sans autre intervention médicale.

La mort est une certitude, dont nul n’a la moindre expérience. Il n’y a pas d’approche collective, ni de procédure à suivre : chacun affronte l’épreuve à sa manière, unique, intransmissible. Certains choisissent de se suicider pour éviter les phases ultimes de leur maladies mais une société ne peut recommander le suicide que par ailleurs elle tente de prévenir.

Au lieu de chercher à nous débarrasser de nos responsabilités à l’égard de l’autre homme, il faut au contraire entourer les personnes en fin de vie par une démarche personnelle ou dans l’engagement associatif et il faut que l’Etat prenne en charge leur accompagnement, aujourd’hui dramatiquement défaillant. Selon une étude récente portant sur 3 500 décès, “plus de la moitié n’ont pas bénéficié d’une prise en charge adaptée de leur douleur physique ou morale”.

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1/ Haïm Korsia, Aider à vivre, Tracts Gallimard, N°58, juin 2024.

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