A gauche, à droite, les vilaines affaires s’accumulent et donnent du grain à moudre aux médias. Le Parti socialiste perd ses électeurs mais persévère dans une gestion qui a déjà échoué tandis que la droite lui reproche de faire ce qu’elle-même aurait fait…
C’est un écroulement lent, au rythme espagnol et portugais. En France, chaque semaine apporte son lot de reniements, d’échecs et de scandales. Les hollandistes sont au premier plan, parce qu’ils sont au pouvoir et, en matière de scandales, le spectacle est affligeant. Jérôme Cahuzac a été contraint de démissionner à cause de l’ouverture d’une information judiciaire sur un éventuel compte en Suisse : le paradoxe est d’autant plus piquant que cet homme, présenté comme pilier du gouvernement, était le ministre de la rigueur budgétaire et de la lutte contre la fraude fiscale. Ceci sans oublier qu’à Marseille l’affaire Guérini se traîne et que Sylvie Andrieux, député de la 7ème circonscription, passe en correctionnelle pour détournement de fonds.
Pour atténuer la portée de ces événements, on a invoqué à gauche la présomption d’innocence tout en déplorant l’acharnement médiatique. Mais les médias ont rapidement mis de côté Jérôme Cahuzac à cause de la mise en examen de Nicolas Sarkozy pour abus de faiblesse dans le cadre de l’affaire Bettencourt. Grâce au génie des conseillers en communication, cet épisode peu ragoûtant a été couvert par le rappel de la présomption d’innocence et par la théorie du complot politico-judiciaire – ce qui devrait inciter les juges à réclamer pour eux la présomption d’innocence. Comme l’affaire Bettencourt vient s’ajouter à l’affaire Takieddine, à l’affaire Tapie (le domicile de Christine Lagarde a été perquisitionné) et à l’affaire Karachi, les explosifs sont répartis dans les deux camps – avec tout de même une surcharge pondérale pour la droite. Que les oligarques de toutes tendances ne prennent pas des mines effarouchées : s’ils demeuraient insoupçonnables, ils ne risqueraient pas d’être convoqués chez un juge et les enquêteurs de Mediapart rentreraient bredouilles. Cette lapalissade mériterait d’être sérieusement méditée – mais tel ne sera pas le cas.
Il est vrai que toutes ces affaires profitent au Front national. Marine Le Pen le sait et se garde d’en rajouter : elle engrange, sans efforts, parce que l’oligarchie baigne dans la corruption. Le Front national se prépare donc à remporter une belle victoire lors des élections européennes de juin 2014. Pour l’heure, ce sont les candidats socialistes qui sont subissent les conséquences des orientations économiques et sociales du gouvernement lors des élections législatives partielles. En décembre 2012 dans les Hauts-de-Seine, le candidat soutenu par le Parti socialiste avait été battu par Patrick Devedjian et les candidats socialistes avaient également été battus dans l’Hérault et dans le Val-de-Marne. Le 17 mars, la candidate socialiste a été éliminée au premier tour dans l’Oise. Les raisons de ces échecs ? L’électorat de gauche s’est massivement réfugié dans l’abstention. L’impopularité croissante du président de la République et du gouvernement se trouve ainsi cruellement soulignée.
La droite, qui profite de cet état de fait, aurait tort de se réjouir. Discrédité par l’affrontement entre François Fillon et Jean-François Copé, sali par les scandales, l’UMP se heurte à un obstacle majeur : sa critique du hollandisme est totalement dépourvue de crédibilité. La droite ultralibérale critique une gauche qui s’est soumise aux critères de l’ultralibéralisme. La droite s’indigne du taux de chômage mais Nicolas Sarkozy a signé le traité européen (TSCG) que François Hollande a fait ratifier et cette même droite a fait le choix de la rigueur que la gauche a confirmé. Si l’UMP revenait aux affaires, elle tiendrait exactement le même discours sur la compétitivité, la flexibilité et l’équilibre budgétaire. Dans quatre ans, ce n’est pas la droite classique qui tirera nécessairement les marrons du feu.
La droite et la gauche sont dans la situation de deux lutteurs qui se battent dans la poussière et qui roulent vers l’abîme sans s’en apercevoir. Ils tomberont ensemble.
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Article publié dans le numéro 1032 de « Royaliste » – 1er avril 2013.
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