C’est dans Le Monde, donc c’est vrai : on a retrouvé la classe ouvrière ! Comme c’est bizarre, la vie. On est journaliste, ou homme politique, on croise des techniciens de surface, on voit de son bureau des personnes qui construisent des immeubles, on regarde à la télévision les manifestations des victimes des délocalisations – et on proclame qu’il n’y a plus d’ouvriers…
Par paresse, par mépris de la « théorie », les dirigeants du pays ont négligé les livres et les revues de sociologie et évoqué des catégories illusoires : les « jeunes », les « femmes », les « gens », et maintenant « la France d’en bas ».
Il a fallu le choc du 21 avril pour qu’on s’aperçoive qu’il existe toujours une classe ouvrière, nombreuse, surexploitée, lucide et révoltée – tellement révoltée qu’elle en vient à voter massivement pour un milliardaire démagogue.
Et maintenant, que vont faire les gens d’en haut ? Reconnaître la réalité du « problème » puis continuer à agir comme s’il n’existait pas car tout commencement de réponse à la colère de la classe ouvrière supposerait des changements radicalement contraires aux intérêts des oligarques. Gare ! Il est toujours plus facile de changer de dirigeants que de dissoudre le peuple.
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Article publié dans le numéro 796 de « Royaliste » – 10 juin 2002
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