Ossétie du Sud : Vérités et mensonges

Oct 6, 2008 | Chemins et distances

 

L’hostilité systématique des médias à l’égard de la Russie est connue. La guerre en Ossétie du Sud a été l’occasion d’un déluge de commentaires absurdes et de contre-vérités qu’il importe de souligner.

La guerre d’Ossétie aurait pu être évitée. Le durcissement entre le pouvoir central géorgien et les régions sécessionnistes (Abkhazie, Ossétie du Sud) était prévisible et la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo par plusieurs grandes puissances créait un dangereux précédent. Par ailleurs, les manœuvres au début de l’été en Russie (Kavkaz-2) et en Géorgie (Immediate response 2008, coordonnées par les Américains) et divers incidents créaient dans cette partie du Caucase un réel climat de tension. Mais Dimitri Medvedev et Vladimir Poutine ne souhaitaient ni la guerre avec la Géorgie ni l’annexion de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud : les déclarations et le comportement des dirigeants russes sont clairs sur ce point et il est significatif que le précédent du Kosovo n’a pas été exploité par la diplomatie russe.

Ces éléments d’appréciation, en tous points vérifiables, ont été masqués par la presse occidentale – par les médias et les intellectuels français singulièrement. Relayant les thèses américaines, les médias français on cherché à recréer un climat de guerre froide et réclamé que la France s’aligne de plus en plus complètement sur ce qui est supposé être le camp du Bien.

Avant la publication par Jacques Sapir d’une analyse complète des opérations militaires et des conséquences géopolitiques du conflit, il nous paraît utile de rétablir quelques vérités :

1° Les dirigeants géorgiens sont les agresseurs. Irakli Okrouachvili, ancien ministre géorgien de la Défense, aujourd’hui en exil à Paris, a déclaré que l’invasion militaire de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie avait été planifiée dès 2005. Les autorités géorgiennes ne sont pas tombées dans un piège tendu par les Russes : ceux-ci ont fait savoir qu’ils ne toléreraient pas une offensive contre les deux régions autonomes. Le président Saakashvili n’a pas décidé d’agir parce qu’il était en situation de légitime défense : l’entrée de ses troupes sur le territoire ossète le 7 août avait pour but la conquête du pays et le bombardement de Tskhinvali a frappé les populations civiles. Un millier de personnes ont été tuées et les photos prise par les satellites civils et militaires montrent l’ampleur des destructions commises par les missiles géorgiens.

En bombardant une population qu’il dit être géorgienne, le président Saakashvili   voulait lui faire quitter la ville afin que les colonnes de réfugiés bloquent le tunnel de Roki par lequel les troupes russes devaient nécessairement passer. Cette tactique, qui impliquait un nettoyage ethnique, a échoué. Mais les succès obtenus par les Géorgiens dans les premières heures de leur attaque montrent que les troupes russes étaient peu présentes sur le territoire ossète et que l’état-major russe ne s’attendait pas à une offensive de cette ampleur. D’où la violence de la contre-attaque et des combats qui se sont terminés par la mise en déroute des troupes géorgiennes.

2° La complicité des Américains est certaine. Plus d’une centaine de militaires américains ont participé aux manœuvres Immédiate response 2008 et leur rôle prépondérant dans l’armée et auprès du gouvernement géorgien ne permet pas de croire qu’ils ignoraient la décision du président Saakashvili. De plus, il est prouvé que des conseillers militaires américains se trouvaient dans les unités combattantes et que les Russes ont refusé de les capturer afin de ne pas durcir la situation sur le plan diplomatique.

3° Les Russes n’ont pas de visées impérialistes sur les pays naguère soviétisés. Ils ne sont pas entrés à Gori et n’ont pas brûlé la ville contrairement aux assertions de Bernard-Henri Lévy. Ils n’ont pas pris Tbilissi qui était sans défense. Ils ne veulent pas reconquérir les pays baltes ni même, semble-t-il, agiter sérieusement la question de la Moldavie, toujours divisée entre russophones et roumanophones.

Il est stupide d’être « antirusse ». Il serait absurde de se proclamer « pro-russe » : il faut simplement cesser de regarder cette puissance européenne post-impériale comme si nous étions en 1950 et la considérer comme un facteur décisif de stabilisation de la grande Europe…

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Article publié dans le numéro 932 de « Royaliste » – 6 octobre 2008

 

 

 

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