Chercheur en sciences politiques, Luc Rouban souligne que 35 % des membres du gouvernement sont issus de grandes écoles de commerce (HEC, Essec, ESCP), à commencer par le Premier ministre.

Ce pourcentage met en évidence une tendance de fond, quant au renouvellement du personnel oligarchique. Principalement formée à Sciences Po et à l’ENA au siècle dernier, la classe dirigeante reçoit un enseignement focalisé sur le secteur privé et inspiré par l’idéologie néolibérale. Le souci de l’intérêt général s’efface devant les prétendues lois du marché, les impératifs de souveraineté sont sacrifiés à la globalisation financière, les diktats de Bruxelles et Francfort sont tenus pour des évidences.

Cette idéologie est d’autant moins contestée qu’elle correspond étroitement aux modes de vie et aux intérêts de la nouvelle caste. Moyennant un gros investissement financier, ses enfants partent faire des études dans les universités canadiennes ou américaines avant d’intégrer une école de commerce française. C’est par l’argent que les jeunes héritiers de l’élite du pouvoir, des affaires et des médias se préparent aux fonctions les plus hautes et aux activités les plus rentables.

La sécession des élites est désormais un fait patent. Leur mode de “gouvernance” et leur corruption coûtent infiniment plus à la nation que l’absentéisme dans les fonctions publiques. Il faut rétablir la défunte Commission de la Hache en respectant la nature, qui veut que les haches s’abattent de haut en bas.

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Article publié dans le numéro 1278 de « Royaliste » – 2 novembre 2024