Par de fins connaisseurs des médias, un juste rappel des mensonges et des bêtises diffusées par la presse française lors de trois « interventions » marquées par des « frappes » et autres « dommages collatéraux ».
Les agresseurs ont toujours masqué leurs violences sous des pudeurs de vocabulaire et de style. Ils continuent aujourd’hui, avec une impudence d’autant plus grande que la presse d’opinion est devenue trop faible pour dénoncer efficacement les contrevérités. D’où l’inflation de termes trompeurs, d’informations mensongères, de mises en scène trafiquées qui ont accompagné les opérations militaires menées par les Américains et leurs alliés au Kosovo, en Afghanistan et en Irak.
Ces trois guerres ont mis à mal les belles théories sur la « société de communication » qui serait tout naturellement une « société de l’information » consubstantielle à la démocratie humanitaire. Dans un petit livre qui résulte d’un gros travail et qui constitue un aide-mémoire indispensable, Serge Halimi, Dominique Vidal et Henri Maler exposent les procédés de ce qu’il faut appeler, à l’ancienne, la propagande de guerre.
Cette propagande a son langage : les bombardements ne sont que des « frappes », la destruction de quartiers d’habitations ou d’autobus remplis de civils sont des « dommages collatéraux ». Par exemple, un porte-parole de l’Otan annonçait en 1999 qu’ « une bombe semble avoir été séduite hors de sa cible au dernier moment » et qu’elle a « atterri » dans « ce qui semble avoir été une petite zone résidentielle ». En clair : plus de dix victimes civiles dans un quartier de Pristina.
Cette propagande a ses foyers et ses relais médiatiques : reproduites dans l’ouvrage, les premières pages des grands magazines américains et français rappellent le formidable travail opéré sur les opinions publiques.
Cette propagande fabrique et diffuse le mensonge avec un cynisme tranquille : elle oublie le nombre de victimes civiles en Irak ; à partir de massacres réels, elle « décrit » un génocide au Kosovo. Reprenant les chiffres lancés par le gouvernement, les grands médias français annoncent que 100 000 voire 500 000 kosovars ont été assassinés – alors que l’OTAN recensera 10 000 victimes lorsque le conflit sera terminé.
Cette propagande est reprise par d’éminents intellectuels, qui écrivent sans rien vérifier et qui excellent dans la diffamation de leurs adversaires. Les citations d’André Glucksmann, de Pascal Bruckner, d’Antoine Garapon, des grandes signatures du Monde et du Nouvel Observateur, sont accablantes.
Il est étrange qu’en cette période de repentance ces intellocrates n’aient pas fait acte de contrition.
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(1) Serge Halimi & Dominique Vidal avec Henri Maler, « L’opinion, ça se travaille », les médias et les « guerres justes » : Kosovo, Afghanistan, Irak, Agone, 5ème édition augmentée et actualisée, 2006.
Article publié dans le numéro 898 de « Royaliste » – 19 février 2007
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