Qu’avons-nous à faire ?

Juil 2, 2005 | Partis politiques, intelligentsia, médias

 

 

Dans la perspective des conflits politiques et des violences sociales qui secoueront bientôt la France et l’Europe, il est utile de faire le point. Certes, notre objectif final est fixé. Quant à l’élection présidentielle, il est trop tôt pour prendre position.

Restent les perspectives à moyen terme, qui orientent notre action quotidienne. Pour les désigner afin d’en débattre, il importe de rappeler que notre journal est l’organe d’une société de pensée à vocation révolutionnaire. Nos censeurs silencieux souriront : quelle définition prétentieuse ! Qu’importe. Nous sommes parmi les héritiers des révolutions de 1789, 1830, 1944 et 1958 et le socle de notre programme politique est constitué par la Déclaration des droits, par le Préambule de 1946 et par la Constitution de 1958.

Nos lecteurs savent cela par cœur, mais il est utile de rappeler notre doctrine aux journalistes incultes et aux politiciens – surtout à ceux qui prennent des poses jacobines en oubliant qu’ils auraient déjà eu la tête tranchée pour manquement à la rigueur républicaine si de véritables jacobins avaient exercé le pouvoir à la place de François Mitterrand et de ce pauvre Lionel Jospin.

On murmure ici et là que les opinions et sarcasmes d’un groupuscule sont dénuées de toute valeur ? C’est un jugement bien peu démocratique puisque la voix du plus humbles des citoyens compte autant que celui du plus puissant. D’ailleurs, dans une société qui se prétend « transparente », nous n’avons pas caché notre petit nombre, et nous publions chaque année et la liste de ceux qui ont la générosité de le combler un déficit budgétaire clairement affiché : parmi nos fidèles donateurs, des républicains non-royalistes, des libéraux et des socialistes point monarchistes, des communistes qui partagent avec nous une conception exigeante de la politique.

Quant à notre audience, nous sommes incapables de la mesurer. Nous savons que notre diffusion s’est beaucoup élargie grâce à Internet et nous sommes persuadés que les sociétés de pensées (clubs, fractions partisanes…) jouent en ce moment un rôle décisif.

La preuve en a été donnée le 29 mai. Les gros et très riches appareils de l’UMP et du Parti socialiste, la machine de propagande gouvernementale et les superpuissances médiatiques ont été battus à plates coutures – et ce n’est pas le Parti communiste, très affaibli, qui a joué le rôle déterminant dans la bataille. C’est une université populaire, des mouvements minoritaires, des réseaux de diffusion plus ou moins éphémères qui ont donné à la campagne ses idées et sa dynamique : nous avons fait partie de cette conjonction de faibles forces, politiquement victorieuses parce que toutes avaient mobilisés leurs capacités intellectuelles.

Et maintenant ? La victoire du 29 mai n’est qu’un acte de résistance. La question de la prise du pouvoir politique est posée et, au-delà, celle d’un renouvellement du personnel dirigeant. Nous reconnaissons l’influence des sociétés de pensées et des réseaux (le nôtre n’est pas négligeable, en France et à l’étranger) mais nous voulons le raffermissement des institutions de la 5ème République et nous pensons que les grandes formations politiques sont indispensables à l’expression du suffrage universel.

Le débat chimérique sur une « sixième république » masque la véritable tâche qui attend les gaullistes authentiques, les groupes socialistes-démocrates, les syndicalistes de combat et nous autres royalistes : organiser le remplacement des élites, qui ont manifestement failli.

Il faut se préparer à donner congé aux oligarques qui alternent au gouvernement, aux hiérarques chiraquiens et hollandistes, aux patrons de médias, aux gestionnaires incapables et abandonner aux juges les mafias financières.

Il faut, par conséquent, puiser dans toutes les générations pour former les élites républicaines de remplacement qui auront à gouverner la France, à relancer le projet européen, à informer les citoyens, à diriger les entreprises publiques et privées. Nous ne sommes pas seuls pour l’accomplissement de cette tâche, à laquelle nous nous consacrons depuis plus de trente ans. Mais nous allons accroître notre effort, afin que la prise du pouvoir ne soit plus le premier acte du reniement.

 

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Editorial du numéro 834 de « Royaliste » – 2 juillet 2005

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