Réformes : Ils veulent tout casser

Fév 20, 2018 | la lutte des classes

 

Face à des oppositions dispersées et à des syndicats divisés, l’Elysée croit possible de lancer en même temps et de réussir les grandes réformes ultralibérales inscrites au programme de l’oligarchie. Cette tactique repose sur un pari.

Emmanuel Macron impose un programme accéléré de réformes pour plaire au gouvernement allemand, pour répondre aux exigences de ses groupes de soutien et parce qu’il a le champ libre au Parlement. Comme il a réussi à faire passer les ordonnances sans résistance syndicale significative, il se croit invincible et lance ses troupes à l’assaut des « citadelles » publiques. Il s’agit de casser les statuts, et d’introduire partout la logique de la privatisation qui provoquera tant de désordres qu’on finira par décider de privatiser pour « sauver » ce qui peut l’être :

Réforme du système de santé avec, entre autres projets, des regroupements d’hôpitaux, le développement de l’ambulatoire et le recours à la télémédecine.

Réforme de la justice qui risque de se traduire par de nouvelles fermetures de tribunaux d’instance et de grande instance.

Réforme de la fonction publique qui va entraîner des réductions d’effectifs, des licenciements collectifs déguisés en départs volontaires et la remise en cause du statut des fonctionnaires d’Etat.

Réforme de la SNCF qui vise la disparition à terme du statut des cheminots et la suppression du quart du réseau ferroviaire.

Nous analyserons ces réformes dès qu’elles seront précisées mais l’intention qui les animes toutes est limpide et parfaitement imbécile : pour réparer les désastres provoqués par l’ultralibéralisme, aller toujours plus loin dans l’ultralibéralisme. Cela peut passer facilement dans des secteurs où les salariés sont peu ou pas organisés et soumis à la pression patronale. Mais la réforme de la santé vise un secteur où toutes les catégories de personnels sont épuisées et déjà en révolte. La magistrature, non moins sinistrée et salement étrillée en 2011, est en train de se mobiliser. Dans la fonction publique d’Etat et à la SNCF, les syndicats sont puissants et appellent à manifester.

Emmanuel Macron mène la guerre de classe avec audace mais il commet une erreur classique : il méprise ses adversaires. C’est d’autant plus dangereux que les mécontents et les furieux sont largement majoritaires dans le pays.

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Article publié dans le numéro 1139 de « Royaliste » – 20 février 2018

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