Retraites : Les vérités vraies de Valérie Pécresse

Juin 24, 2013 | la lutte des classes

 

Comme toute réforme de grande ampleur, celle des retraites est précédée d’un rapport. En théorie, le document est destiné a éclairer le gouvernement – qui a déjà arrêté ses principaux choix…

En pratique, les avis solennels des experts permettent de tester les syndicats et d’examiner les réactions de l’opinion publique. Remis le 14 juin, le rapport Moreau entre dans cette catégorie des fusées éclairantes. On y trouve un catalogue complet des recettes ultralibérales : augmentation de la durée des cotisations, alignement du taux de CSG des retraités sur celui des actifs, augmentation des cotisations d’assurance-vieillesse, révision (défavorable) du calcul des retraites des fonctionnaires. Il s’agit encore et toujours de faire des économies sur le dos des salariés et des retraités en tenant pour acquise sur le long terme la situation de sous-emploi. Nous traiterons du fond de la réforme lorsque le gouvernement l’aura présentée mais il paraît utile de s’intéresser au préalable aux techniques de persuasion des oligarques des oligarques qui se souviennent que les précédentes réformes ont provoqué des mouvements de rue massifs.

La première technique, classique, est celle de l’enrobage. Dès la publication du rapport Moreau, le Premier ministre s’est empressé de vanter la « grande lucidité » du travail tout en assurant que les efforts seraient à la fois justes et supportables. Cela signifie que le rapport est « validé » comme on dit dans les hautes sphères et que la ponction se fera sous anesthésiants : comme à des enfants, on nous dit que ça ne fera pas mal et que les efforts pour guérir seront des plus modérés.

La deuxième technique, non moins classique, est celle du matraquage des esprits par une propagande qui a commencé bien avant la publication du rapport Moreau. Comme on ne peut pas dire que les jeunes ne sont pas assez nombreux pour payer les retraites des vieux en raison de la bonne santé démographique de la France, on invoque l’allongement de la durée de la vie. « Quand on vit plus longtemps, on peut travailler plus longtemps » : tel est le slogan lancé par Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales. Slogan imbécile, que Gérard Filoche a pulvérisé : « Si on vit plus longtemps, c’est grâce à la retraite à 60 ans. Si on vit plus longtemps, c’est pour en profiter plus longtemps. Si on travaille plus longtemps, on vivra moins longtemps. » Mais la propagande est faite pour asséner des imbécillités et on nous resservira sans cesse l’argument de la durée de vie. S’y ajoutera l’argumentaire habituel sur les « économies » à réaliser, le poids de la dette publique et tout le tralalaire qui vise à effacer l’essentiel : la retraite, c’est du salaire – du salaire différé. Baisser les retraites, c’est baisser les salaires, c’est diminuer le pouvoir d’achat, c’est donc aggraver la crise économique et financière.

La troisième technique, c’est celle des petits pas : ne pas tenir compte des contradicteurs et avancer étape par étape, en reculant si la colère est trop forte pour mieux sauter quelques années plus tard. Le 12 juin sur France inter, Valérie Pécresse a expliqué très doucement que la réforme du système des retraites devait être effectuée tranche par tranche afin d’éviter qu’une révolte de grande ampleur empêche l’opération. Il ne faut surtout pas faire de « réforme-cathédrale » a-t-elle déclaré, car l’expérience du « traité constitutionnel » a servi de leçon. En clair, un projet ultralibéral complet a provoqué un rejet massif. Il faut donc, a poursuivi en substance la vice-présidente de l’UMP, faire des réformes d’ampleur limitée en allant le plus loin possible comme on tend un élastique : la réforme Fillon de 2003 et la réforme Woerth de 2010 sont à considérer en fonction d’un objectif plus général dont les socialistes doivent maintenant se rapprocher.

Valérie Pécresse ne dit pas que l’objectif, c’est la destruction du système des retraites par répartition. Mais elle révèle le projet de l’oligarchie, attend que les hollandistes s’y conforment et avancent sur la « bonne voie » en pratiquant comme leurs prédécesseurs le mensonge sur les intentions.

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Article publié dans le numéro 1038 de « Royaliste » – 23 juin 2013

 

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