Il est de bon ton de saluer gravement le manifeste de la « Troisième Gauche Verte », comme si son auteur était membre de l’Académie française. Le texte du vieux Dany est à pleurer. Nous préférons en rire.
Au bon vieux temps, les bolcheviques prétendaient que dans tout groupe de dix anarchistes, il y avait au moins un indicateur de police. Cette fois, c’est pour de rire : la fraction libérale-libertaire de la gauche plurielle a simplement trouvé son clownissaire politique.
Sacré Dany ! D’entrée de jeu, il avertit que son manifeste est vide de théorie, d’idéologie, de concepts et de dogmes. Voici donc le premier anti-manifeste de la non-pensée ouvrant, dit-on, un « espace de débat ». Qu’y trouve-t-on ? Une mauvaise copie de Sciences po, corrigée par un sociologue disciple d’Alain Touraine.
On écrit que « notre conception d’une intervention réformiste vise à repenser l’action sociale dans sa globalité » alors que ce technolangage faisait déjà ricaner les apprentis énarques dans les années soixante.
On plaide pour la réhabilitation du « long terme », mais on détruit ce souci salutaire par l’apologie d’un « marché » qui n’est qu’une succession d’instants. Risible.
On revendique l’invention d’un « principe de précaution » équilibrant le marché, alors qu’on apprend que le gouvernement a caché que les produits transportés par l’Erika étaient cancérigènes – et laissé les bénévoles ramasser ces déchets. Le clown se moque de son public – qui s’aperçoit qu’il est protégé par un clownissariat à l’environnement, géré une fantaisiste chic, et conceptualisé par un vieux farceur. J’en pince, Pilate !
On se proclame innovant, mais on copie Alain Madelin en déclarant que « l’Etat ne peut pas tout ». Comique de répétition.
On affirme qu’entre l’Etat et le marché « il peut y avoir les consommateurs », schéma farceur d’une organisation où les consommateurs ne seraient plus sur le marché. Il paraît que cela permettrait de rompre avec la logique binaire, et de prendre une « posture… pragmatique et ouverte ». Marrant. On demande un dessin !
On se croit « européen », mais on reprend la Pensée Correcte américaine : haine de l’universel, apologie ethnicisante des particularismes, application de critères biologiques au domaine politique. Le clou du clown ne fait plus rire : son texte est clairement égalitaire, manifestement hostile aux valeurs de notre civilisation et aux principes de la démocratie représentative. Sous les pitreries, un programme réactionnaire et radicalement subversif.
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Article publié dans le numéro 745 de « Royaliste » – 6 mars 2000
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