Au Tchad, le Président de la République a mené une politique ferme, en dépit de toutes les pressions qui se sont exercées sur lui. Sa détermination porte aujourd’hui ses fruits.
Il y a un an, la décision de déclencher l’opération Manta avait provoqué, comme toute initiative présidentielle, criailleries en tous genres et doutes trop méthodiques pour être tout à fait honnêtes. D’un côté, on s’écriait que F. Mitterrand avait trop attendu et que son « indécision » avait permis l’avancée libyenne en territoire tchadien. Il aurait fallu en découdre, et tout de suite, contre un Kadhafi présenté comme un nouvel Hitler. De l’autre côté, ou du même, on s’inquiétait du risque d’enlisement de la France dans un conflit sans issue. L’U.D.F., par les voix de MM. Lecanuet et Daillet, osait même affirmer que la France avait « perdu de son autorité », et dénoncer une « paralysie dans l’action sans précédent sous la Vème République ».
C’était oublier que la France avait inscrit son action militaire dans des principes rigoureux, sans cesse réaffirmés tout au long de sa présence au Tchad. Il s’agissait non de mener une croisade, mais de défendre, sur sa demande, l’indépendance d’un pays ami contre une agression extérieure. Comme nous l’écrivions en octobre dernier, « en traçant la fameuse ligne rouge, la France posait les conditions d’une négociation ». Celle-ci s’est poursuivie pendant des mois, avec une discrétion que le pauvre docteur Pons a eu la légèreté de condamner. Ce « secret » a permis de préparer l’accord, qui a été conclu au bon moment : quand Kadhafi a compris qu’il était diplomatiquement isolé et qu’il ne parviendrait jamais, malgré ses rodomontades, à imposer une solution militaire. Ce qu’on a appelé « enlisement » n’était donc que fermeté patiente et dissuasion efficace puisque l’affrontement direct a été évité.
Sans doute, l’accord entre la France et la Libye n’apporte pas de solution définitive à la très ancienne crise intérieure tchadienne. Mais les acquis obtenus sont essentiels. D’une part, l’expansionnisme libyen est arrêté pour longtemps, et peut-être de façon définitive car le pouvoir de l’étrange colonel est de plus en plus menacé. Son nouvel échec n’arrangera pas les choses. D’autre part, la France accroît son prestige en Afrique, en démontant qu’elle sait remplir strictement et jusqu’au bout son devoir d’assistance, sans avoir d’ambition colonialiste et sans intervenir dans les affaires intérieures des Etats. Que ce succès de la diplomatie présidentielle et de l’action militaire décidée en août 1983 soit aujourd’hui reconnu de tous les côtés permet d’apprécier encore mieux son ampleur. Désormais, qui osera soutenir que la France n’a pas de politique étrangère indépendante et fidèle à sa vocation ?
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Article publié dans le numéro 411 de « Royaliste » – 3 octobre 1984
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