Le chômage a connu un accroissement massif en 2012 et il va continuer à augmenter en 2013. Le gouvernement, qui promet un renversement de tendance avant la fin de l’année nous ment-il ou se ment-il à lui-même ?
Dans l’attente des chiffres du chômage en novembre, on a vu Michel Sapin à la télévision ! Martial, il annonçait une mobilisation totale contre le chômage. Et puis, de bon matin et de blanc vêtu, François Hollande est venu à Rungis « au plus proche des Français, responsables d’entreprise ou employés, qui se mobilisent et travaillent en cette période de fête » car, figurez-vous, « nous avons une France qui veut travailler ». Et d’annoncer une « grande bataille pour l’emploi » en 2013.
Comme la visite présidentielle se déroulait le 27 décembre, quelques heures avant la publication des chiffres sur le chômage, tout le monde a compris qu’il s’agissait d’une opération de communication destinée à étouffer les mauvaises nouvelles. Tentative méritoire mais ratée : on oubliera vite la tête de veau découpée devant le président de la République mais pas les chiffres publiés, qui annoncent une année catastrophique. La hausse de novembre est de 0,9% pour les demandeurs d’emploi de la catégorie A, soit 3 132 000 chômeurs pour la seule France métropolitaine. Toutes catégories confondues, le chômage touche 5 241 900 personnes, soit 422 600 de plus qu’il y a un an. Le gouvernement a lui-même annoncé que cette progression angoissante continuerait en 2013 mais François Hollande annonce une inversion de la courbe à la fin de l’année. Nous ne demandons qu’à le croire mais les éléments favorables à un renversement de tendance font défaut.
Le gouvernement mise sur une croissance de 0,8% en 2013, qui serait due à une reprise de la demande extérieure, au « choc de compétitivité » provoqué par les 20 milliards de crédits d’impôts accordés aux entreprises et à une plus grande flexibilité du travail. C’est une politique ultralibérale, qui implique la baisse du pouvoir d’achat des salariés et une pleine liberté d’initiative pour le patronat dans un contexte général marqué par de grosses économies budgétaires. Peut-elle réussir ?
Il faut déjà constater que le pari sur la croissance est perdu. La réduction des dépenses publiques a un effet récessif et l’INSEE prévoit 0,1% de croissance pour le premier semestre. Il faudrait que le gouvernement parvienne à nous expliquer comment une économie stagnante va retrouver pendant l’été le bel élan qui lui permettra de créer des emplois à l’automne alors que l’imbécile politique d’austérité budgétaire va être poursuivie, alors que le pouvoir d’achat est déjà stagnant ou en forte régression selon les statistiques qu’on utilise, alors que la progression du chômage va provoquer une diminution de la consommation des ménages.
Et la demande extérieure ? Elle est censée provenir des Etats-Unis mais l’attente risque fort d’être vaine et la France subira par ailleurs les conséquences de la probable dévaluation du yen. La mondialisation n’est décidément pas « heureuse » et nous allons continuer à subir les effets de la concurrence sauvage, par voie de déflation salariale tout particulièrement.
Reste les effets du crédit d’impôts. Il faudra attendre un an pour en juger mais, dans la meilleure des hypothèses, on ne voit pas comment les entreprises pourraient modifier la tendance globalement négative. Quant à la flexibilité, elle ne ferait qu’ajouter à la précarité, déjà insupportable, des conditions de travail.
D’où cette question lancinante : le gouvernement est-il est train de nous raconter des histoires ? C’est possible mais une autre hypothèse paraît mieux accordée à la mentalité du milieu dirigeant : François Hollande et Jean-Marc Ayrault ne veulent pas voir une réalité qui leur serait insupportable parce qu’elle les conduirait à remettre en cause deux croyances fondamentales : la vertu éminente du libre-échange, la nécessité impérieuse de l’euro. Ils vont donc continuer d’avancer sur le chemin de la récession économique, de la désindustrialisation et du chômage de masse, en se racontant que nous allons entrer dans un nouveau cycle et qu’il suffit de laisser faire. Les Français les laisseront faire…un certain temps.
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Article publié dans le numéro 1026 de « Royaliste » – 7 janvier 2013
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