Ceux qui nous menacent du traité de Nice se réjouissaient de la signature de ce texte et de l’adjonction d’un « agenda social européen ». Jacques Chirac et Lionel Jospin s’abusaient-ils ? Voulaient-ils nous abuser ?
On connaît l’argument massue : votez Oui, sinon vous en resterez à l’abominable traité de Nice. Ce texte était de toute évidence très mauvais, mais en décembre 2000, Lionel Jospin, Premier ministre, et Jacques Chirac, président de la République, se félicitaient de la conclusion de l’affaire. Le chef de l’Etat alla même jusqu’à déclarer que le sommet de Nice « restera comme un grand sommet par l’ampleur et la complexité des problèmes qui ont été réglés ».
Les oligarques de droite et de gauche, qui ne se faisaient sans doute guère d’illusions sur le résultat de leurs manœuvres et de leurs compromis, tentaient alors d’abuser l’opinion publique. Et ce sont les mêmes qui voudraient nous faire croire à leur sincérité lorsqu’ils vantent le « traité constitutionnel » comme le der des der. C’est déjà ce qu’on nous disait lors du référendum sur le traité de Maastricht…
Ces belles déclarations sont tombées dans l’oubli, de même que les jolies promesses contenues dans un document adopté à Nice et qui fixait les sujets que l’Union européenne promettait de traiter dans les cinq ans (nous y sommes) pour répondre aux « attentes citoyennes ».
Ce texte s’intitulait fièrement Agenda social européen et il devait aider à la mise en forme du modèle social européen par des actions concrètes ainsi détaillées :
– faciliter la participation du plus grand nombre au marché du travail;
– offrir de nouvelles sécurités pour les travailleurs;
– engager la lutte contre la pauvreté et les discriminations;
– moderniser les systèmes de protection sociale;
– promouvoir l’égalité entre hommes et femmes;
– veiller au volet social de l’élargissement de l’Union européenne.
On n’entend plus guère parler de cet Agenda social. Il est vrai que les oligarques avaient précisé que leurs engagements en ce domaine n’avaient aucun caractère contraignant. Ce qui revenait à dire que les promesses faites n’avaient pas à être tenues. Sur ce point, Jacques Chirac et ses complices de gauche, parmi lesquels Pierre Moscovici, partisan du Oui, ont respecté leur engagement désengagé : l’Agenda a été jeté aux oubliettes.
Qu’à cela ne tienne : on fait de nouvelles promesses sur des couplets anciens comme si on pouvait, à chaque fois, berner les « attentes citoyennes » exprimées il y a cinq ans et combler le « déficit démocratique » dont on s’inquiétait au lendemain du référendum sur Maastricht.
Contrairement à la légende, née de la célèbre réprimande pétainiste, les peuples n’ont jamais la mémoire courte.
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Article publié dans le numéro 859 de « Royaliste » – 2 mai 2005
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