Passions et pulsions engendrées par l’intervention israélienne à Gaza ont relégué dans les bas-fond de l’actualité le plan anti-émeutes présenté par Elisabeth Borne. Peu de bruit pour pas grand-chose.

Selon les inspirations lumineuses du guide élyséen, le gouvernement a travaillé pendant quatre mois pour nous épargner le retour des émeutes urbaines. C’est une bonne intention, comme toutes celles qui ont abouti depuis quarante ans à la présentation de multiples plans pour les banlieues “à problèmes”.

Hélas, chacun peut constater que l’inflation des plans n’est qu’une réponse différée et redondante à l’inflation des “problèmes” – qu’il s’agisse de la pauvreté, de la délinquance ou du communautarisme. Madame Borne ne sort pas de cette spirale.

Son plan est agencé de façon très banale : d’abord le coup de trique, ensuite la pommade sociale. Mais le résultat importe moins que les messages envoyés. Il s’agit de montrer aux maires qu’on s’occupe d’eux (avec 100 millions pour la reconstruction des bâtiments), aux policiers qu’on va sévir judiciairement, aux jeunes excités qu’on va les punir. Ah ! bon, mais comment ?

Le recours à l’Armée pour encadrer les jeunes ? C’est l’inusable fausse bonne idée – qu’on ressort aussi lorsqu’il y a une grève d’éboueurs. L’Armée est vouée à la défense de la nation. Ce n’est pas une bonne à tout faire.

L’amende portée à 750 euros pour non-respect d’un couvre-feu ? Elle sera d’autant moins dissuasive que beaucoup de familles n’auront pas les moyens de la payer.

Les “forces d’action républicaines” composées de magistrats, de policiers et de travailleurs sociaux pour aller résoudre les problèmes sur le terrain ? L’idée figurait déjà dans le plan Espoir Banlieues de 2008, conçu sous l’égide de Fadela Amara. On ne fera pas mieux avec des personnels débordés.

La responsabilisation des parents d’enfants mineurs ? Elle est prévue à l’article 1242 du code civil. Leur responsabilité pénale se heurte au principe de personnalité des peines. Quant aux “stages de responsabilité” destinés aux parents, ils ressemblent aux “cours d’empathie” dans les lycées : on va répandre du bla-bla moralisateur sur des personnes qui sont les preuves vivantes des échecs des politiques menées depuis quarante ans, qu’il s’agisse d’éducation, d’économie, d’immigration, d’urbanisme…

Quant à la pommade sociale, elle est illustrée par la décision de ne plus affecter de logements sociaux à des personnes en situation précaire dans les quartiers prioritaires – cela afin de favoriser la mixité sociale. C’est judicieux, mais nul ne sait où seront relogées les 23 000 personnes qui sont en attente d’un logement et qui bénéficient d’un droit d’accès au logement.

Comme le plan anti-émeute laisse de côté la lutte contre la délinquance et tout particulièrement le commerce de la drogue, comme Elisabeth Borne parie sur les effets heureux d’une conjoncture économique qui est en train de se retourner, les émeutiers peuvent envisager sereinement de nouveaux pillages.

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Article publié danse numéro 1265 de « Royaliste – 4  novembre 2023

 

 

 

 

 

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