Université : un aperçu de l’ubérisation

Mar 22, 2025 | la lutte des classes

 

 

Victimes de coupes budgétaires brutales, les présidents d’universités envisagent de réduire le nombre de places dans les facultés. Victime de coupes budgétaires brutales, la recherche française manque de crédits – au point que certains chercheurs de haut niveau assurent des séminaires sans être rétribués.

Cette situation catastrophique n’affecte pas le ministre de l’Enseignement supérieur, qui demande aux universités et aux établissements français de recherche d’accueillir des chercheurs américains contraints de quitter leur pays en raison de restrictions de crédits décidées par l’équipe Trump. Cela signifie que des étudiants et des chercheurs français seront sacrifiés à une posture ministérielle coûteuse : entre 10 et 15 millions d’euros sur trois ans pour l’Université d’Aix-Marseille.

On dira que c’est peu de choses… qu’il faut cependant comparer avec le rien du tout. L’Université emploie au moins 167 000 vacataires, soit 60 % de son personnel enseignant, qui assurent dans les TD la formation des étudiants du premier cycle. Ils assurent 5,6 millions d’heures de cours, plus du quart des heures de cours universitaires. Recrutés dans des conditions juridiques parfois douteuses, abusivement privés de certaines garanties sociales, les vacataires sont payés 10,20 € brut de l’heure pour les TD, alors que le Smic brut horaire s’élève aujourd’hui à 11,65 €. Ils sont rétribués 3 à 24 mois après le travail effectué.

Les chercheurs américains exilés seront-ils jetés dans les bas-fonds de l’Université ubérisée ou leur construira-t-on des villages Potemkine pour qu’ils ne voient pas notre misère ? Telle est la question que nos parlementaires devraient poser au ministre de l’Enseignement supérieur.

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Article publié dans le numéro 1297 de « Royaliste » – 22 mars 2025

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